• Un Anglais sous les tropiques

    2023-46

    Un Anglais soue les tropiquesWilliam BOYD

    Un Anglais sous les tropiques

    (1981). Balland. Traduit de l'anglais par Christian Besse.

    Point. 1986

    405 pages.

    William Boyd (Accra, 1952-) immerge Morgan Leafy dans la ville de Nkongsamsa, à une centaine de kilomètres de la capitale d'un pays africain, Kinjanja, où il a été nommé trois ans auparavant adjoint du Haut-Commissaire, M. Fanshawe. Il développe son récit en trois parties, la seconde étant un retour en arrière explicatif.

    Dès les premières lignes, l'auteur inscrit son personnage principal dans la frustration, puisque Morgan apprend que Priscilla, fille de Fanshawe, va épouser un de ses collègues, alors qu'il avait eu une relation avec elle et espérait être l'heureux élu. Issu, disons pour parodier Orwell, de la classe « moyenne-inférieure », il n'est pas passé par Oxford, ne possède ni les belles relations, ni tous les codes mondains et se sent sur une voie de garage dans ce premier poste à l'étranger, obtenu après des années à croupir à Londres. Son supérieur est mortifié de terminer une carrière en Orient dans un endroit si peu prestigieux. L'un et l'autre pensent obtenir reconnaissance et récompense en fournissant à Londres des informations sur le parti et l'homme qui, à l'issue des élections prochaines, devraient l'emporter : l'exploitation du pétrole est en jeu. La mort d'une domestique de Fanshawe fournit un improbable épisode burlesque et celle d'un médecin intègre, un des rares personnages sympathiques du livre, marque le triomphe des combinards sans scrupules.

    Boyd imbrique vie quotidienne – ennui, club, beuveries, aventures sexuelles, chaleur, moustiques et cancrelats – et manœuvres politiques, les uns et les autres s'instrumentalisant, dans une comédie jouée par de piètres acteurs, méprisants à l'égard des indigènes qui figurent en toile de fond. Morgan est le type parfait du petit Anglais grassouillet à la peau rougissante, qui traîne, avec des bordées d'injures émises sotto voce, sa veulerie sous les tropiques. Sa décision de quitter la profession parvient à peine à le réhabiliter.

    Ce livre résonne comme un écho fastidieux au livre d'Orwell, En Birmanie.


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