• Le silence de la mère

    N°558Le silence de la mère

    Giosuè Calaciura

    Le silence de la mère

    Io sono Gesù

    Traduit de l’italien par Lise Chapuis

    2022, Éditions Noir sur Blanc 2022, folio 2024

    368 pages

     

    Il a trente ans. Il vit à Nazareth. Alors que la ville est en proie à une grande sécheresse et qu’il décide de partir, il se souvient de son enfance, de son adolescence et de sa vie de jeune homme auprès de sa mère.

    Le silence de la mère raconte la vie de Jésus, depuis sa naissance à Bethléem jusqu’au moment où il part rejoindre son cousin Jean pour se faire baptiser et le suivre. Après un début sur la naissance et la petite enfance dans la pauvreté, Giosuè Calaciura s’attarde sur l’adolescence de Jésus marquée d’abord par le départ de son père et sa quête pour le retrouver. Il dépeint un Jésus intelligent et qui s’interroge sur le monde. Revenu habiter chez sa mère, après sa recherche restée infructueuse, Jésus est alors un homme sérieux et travailleur, plutôt mélancolique voire dépressif, malheureux en amour et accablé par des crises successives. Les maux qui affectent Bethléem : pillards, invasions, soldats romains, ou sécheresses, le poussent à repartir sur les routes.

    À part la naissance, Giosuè Calaciura s’attache à raconter la période de la vie de Jésus qui reste inconnue, en particulier son adolescence et sa découverte de l’amour. Il lui donne deux aventures amoureuses fortes et tragiques. Il raconte son rôle social au village, son dévouement, son amour pour sa mère, mais aussi tous les doutes qui l’assaillent au sujet de son père et de sa mère. Il met en place, avec un certain humour et un sens de l’histoire, tous les éléments qui feront de lui le Jésus des évangiles : l’absence du père, la soif de justice et de paix, les rencontres avec la malhonnêteté, le mensonge et la trahison - on rencontre Barabbas et Judas - mais aussi l’amitié et le respect, l’expérience malheureuse avec les femmes, et le soutien indéfectible de sa mère.

    Le silence de la mère est un livre facile à lire, intéressant, parfois un peu long et  trop sérieux, mais sauvé par l’humour et les clins d’œil dont il est riche.

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    Le silence de la mèreGiosuè Calasciura est né en 1960 à Palerme. Comme son père, il devient journaliste et travaille pour L’Ora di Palermo jusqu’à fermeture en 1992. Il ouvre alors un restaurant et publie un premier roman en 1997, début de sa carrière littéraire tout en continuant le journalisme. Il a publié 14 livres.

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    Extraits :

    J'eus la certitude fulgurante que mon père était mort lui aussi. Qui savait où et en quelle solitude ? Je tentai d'imaginer ces derniers instants : avait-il eu une pensée pour moi ? Quel horizon s'était éteint dans ses yeux ? Avait-il senti cette pointe douloureuse de nostalgie, de tendresse, d'absence, semblable à celle que j'avais essayé de combler chaque jour depuis sa disparition ? Père, pourquoi m'as-tu abandonné ? Quelles mains avaient lavé son corps ? Qui s'était occupé des prières ? Qui, plein de tendresse et de larmes, l'avait accompagné jusqu'à sa dernière sépulture ? Avait-il pu imaginer combien je l'avais cherché, combien j'avais désiré revoir son visage, chaque jour désormais un peu plus lointain, impossible à reconnaître ? Mon père, l'homme qui avait pris soin de moi durant toute mon enfance, qui, par amour, par sentiment de responsabilité, avait vécu avec le cœur battant la chamade chacune de mes absences enfantines, chacun des risques imaginaires ou réels que je courais, cet homme n'était plus.

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    Judas décida alors de s'en aller dans la direction opposée à celle des Romains. Il nous remercia de l'avoir caché et sauvé. Ma mère lui dit au revoir affectueusement, certaine qu'ils se rencontreraient de nouveau. À la nuit, je fis un bout de chemin hors de Nazareth avec lui, nous nous étreignîmes longuement en nous souhaitant de nous revoir dans des circonstances moins dramatiques. Tout en le regardant s'éloigner, je me dis que la nuit précédente, j'aurais pris moins de risques si je l'avais dénoncé aux Romains. Mais je n'aurais pas pu trahir Judas.


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