• Tuer n'est pas assassiner

    2024-17 B

    Edward SEXBY

    Tuer n'est pas assassiner.

    Killing No Murder 

    (1657)

    Traduit de l'anglais par Jacques Carpentier de Marigny en 1658.

    Allia. 2024

    79 pages.

     

    Ce livre est un grand classique de la pensée subversive. Il fut réédité par Champ Libre en 1980, avec une préface de Guy Debord (1931-1994), et dans la traduction d'époque, également reprise par Allia.

    Ce pamphlet s'inscrit dans l'histoire de la première révolution anglaise qui opposa le parlement au roi Charles Ier (1600-1649) et aboutit à l'exécution du monarque et à l'établissement d'un gouvernement républicain, dont Cromwell (1599-1658) prit à tête ; en 1653, ce dernier se fit donner le titre de Lord-protecteur et gouverna le pays jusqu'à sa mort. Edward Sexby (1616-1658) était un républicain partisan de réformes et de l'égalité de tous devant la loi. Il fut soldat de l'armée de Cromwell, se battit pour mettre fin au règne de Charles Ier. Il comprit très vite que le soi-disant libérateur de la tyrannie n'était lui-même qu'un tyran. Son pamphlet s'adresse, avec une ironie assassine, à Cromwell lui-même. Puis il donne une définition du tyran en quatorze points. On peut relever parmi eux le fait de se présenter comme l'homme providentiel qui va enfin apporter au peuple la bonne gouvernance, celui d'être un malin qui procède plus « par fraude que par force », puis, lorsqu'il a le pouvoir, le fait d'écarter les personnes compétentes pour les remplacer par des courtisans à sa botte. Ensuite, Sexby pose la question : « Est-il licite de tuer un tyran ? » et y répond en prenant des exemples dans l'histoire ancienne et récente et en citant abondamment les auteurs qui ont traité la question : Aristote, Platon, Cicéron, Machiavel, etc... Enfin, il dit pourquoi il revient à lui et à ses frères d'armes qui, au début, ont soutenu Cromwell, de le supprimer.

    Sexby se fit arrêter par les larbins de « la Vipère », alors qu'il allait s'embarquer pour retourner en Hollande, et il mourut en prison. Crowell s'éteignit paisiblement dans son lit quelques mois après. Ce pamphlet est totalement d'actualité : si on faisait une liste des dictateurs en place, elle serait assez longue… Sans compter les aspirants dictateurs qui se bousculent au portillon !

     

    Citations

    « L'indignation fait qu'un homme rompt le silence que la prudence lui persuaderait de garder, si ce n'est pour produire quelques bons sentiments dans le cœur des autres hommes, du moins pour décharger le sien. » p. 15

    « Jusqu'ici j'ai parlé en général à tous les Anglais, maintenant j'adresse mon discours particulièrement à ceux qui méritent avec plus de raison ce nom-là, à nous-mêmes, qui avons combattu, quoique malheureusement, pour nos libertés, sous un tyran, et qui, ayant été à la fin trompés par ses serments et par ses larmes, n'avons rien gagné que notre servitude au prix de notre sang. C'est à nous qu'il appartient de livrer ce monstre à la justice (…). Les autres ont seulement leur liberté à venger, mais nous, nous avons à venger et notre liberté et notre honneur. » p.67-68


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