• Peindre, pêcher et laisser mourir

    N°221

    Peter HellerPeindre, pêcher et laisser mourrir

    The Painter

    2014, Actes Sud 2015, Babel 2017

    478 pages

    Nouveau-Mexique, un peintre, autour de la cinquantaine, commence à connaître du succès, mais le meurtre de sa fille de quinze ans sur un parking pour une histoire de drogue le hante et font ressurgir les démons de la violence de sa jeunesse.

    Avec Peindre, pêcher et laisser mourir, P. Heller touche à trois thèmes à travers son seul personnage : l’art, la violence, et la nature. Sur l’art, il parle du marché et des milieux artificiels des galeries, de l’opposition entre la frivolité et l’immoralité de ce marché d’une part et l’importance profonde de la création pour l’artiste d’autre part. Sur la violence, il appuie sur sa présence partout, sa facilité : on peut tuer presque sans le vouloir, la violence est fatidique et fatale, et récurrente. La nature, c’est celle des vallons isolés des bruits de la civilisation, où coulent des rivières où on pêche la truite, lieux de rédemption et de mémoire. En plus, l’amour comme fil qui soutient, rassure, et permet d’avancer.

    A travers son récit, conduit avec maîtrise, car P. Heller est un conteur qui sait tenir les rênes du suspens, dans un style très précis et régulier, il aborde des sujets qui taraudent la société américaine, et les questionnements fondamentaux. Son personnage est d’une grande complexité, et il peut symboliser la complexité de cette société où le pire et le meilleur se côtoient et s’entremêlent. Si avec La constellation du chien (une semaine un livre n°94), il avait choisi de placer son récit dans un futur cataclysmique, pour aborder finalement les mêmes thèmes (violence et nature), il le fait cette fois dans un monde actuel et bien réel.

    .....

    Extrait:

    Je perçois déjà la différence. Les odeurs plus sombres et plus épicées des épicéas et des sapins. Ils descendent jusqu'à la route. De grands arbres imposants, avec de lourdes branches qui ploient sous les fanions de mousse espagnole. Noirs et penchés. Et la rivière qui recueille la lumière comme elle recueille l’eau. L'eau quasiment bleue, plus verte dans les bassins, neigeuse dans les rapides, une palpitation vivante qui reflète les arbres et le ciel et les nuages et les canards et aussi les élans qui la traversent, et qui accueillera bientôt votre serviteur en son milieu. Les palpitations de mon cœur elles aussi vivifiées. L'excitation est toujours la même, celle de l’immersion proche. De se retrouver face à un banc de poissons méfiants qui pourraient bien être plus intelligents que moi, ou pas. L'après-midi est couvert et puis ça se dégage et l’eau s’illumine soudain dans un rayon de soleil.  Est-ce que je peux dire combien je suis heureux ? Pour la première fois depuis longtemps ? Non. Je ne vais pas le dire. Tais-toi, inspire et conduis.

    .....

    Eléments biographiques :

    Peindre, pêcher et laisser mourrirPeter Heller est né en 1959 à New-York. A l’université, il se passionne pour la nature et les sports en extérieur, en particulier le kayak en rivière. Il pratiquera ce sport dans les rivières du monde entier pendant de longs voyages au cours desquels il exerce de nombreux métiers comme maçon, bucheron, plongeur, livreur de pizzas… Il travaille aussi pour le National Geographic et l’ONG Sea Shepherd. Il écrit trois livres pour relater ses aventures et deux romans.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :