• L'île du Point Némo

    N°219

    Jean-Marie Blas de RoblèsL'île du Point Némo

    L’île du Point Némo

    Zulma 2014, Points 2016

    470 pages

    Suite au vol d’un gros diamant en Angleterre, une équipe de détectives part à la poursuite du voleur, d’abord dans le transsibérien, puis en Chine, en Australie et jusqu’au milieu du Pacifique. Ceci est l’histoire qui est racontée aux ouvrières d’une usine de montage de liseuses pour améliorer la productivité.

    Roman dans le roman, donc, il en résulte un texte foisonnant où les fils des récits se nouent et se dénouent jusqu’au tournis.

    L’intrigue secondaire, qui est en fait centrale, est une suite d’aventures rocambolesques mettant en scène toute une galerie de personnages tous aussi pittoresques et invraisemblables les uns que les autres. On y croise, entre autres des fanatiques de sectes cosaques, des inventeurs fous, des collectionneurs macabres et des princesses dans le coma. Si la fine équipe fait immanquablement penser à Sherlock Holmes et à son fidèle Watson, c’est plutôt cependant vers Jules Vernes que J-M. Blas de Roblès se tourne avec un final qui est un vibrant hommage à Vingt mille lieues sous les mers.

    L’intrigue principale, et celle du directeur chinois qui exploite et épie ses employées en les filmant dans les vestiaires, est une parabole sur le capitalisme malade et pervers. L’île du Point Némo est aussi un roman écologique qui fait  échos aux grands problèmes de pollution que rencontre la planète et aux recherches sur le fonctionnement des écosystèmes et de l’océan.

    De par sa facture baroque, L’île du Point Némo fait penser à un mélange de films de Caro et Jeunet (Délicatessen, 1991) et de  Wes Anderson (Budapest Grand Hôtel, 2014) qui aurait échappé à ses créateurs. Roman foisonnant, plein de références, et de digressions, avec des passages qui ne se rattachent à aucun des deux récits, donnant un résultat iconoclaste et assez séduisant, L’île du Point Némo est plus qu’un divertissement même si les questions politiques qu’il soulève sont comme engluées dans une masse exhubérante.

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    Extrait:

    Parmi tous les voyageurs réfugiés sous le train, seul Achille Fournier avait souffert de l'attaque. Un trait d'arbalète s'était fiché dans son épaule. On ne s'en aperçu que lorsqu'il demanda l'aide du prince Svetchine pour comprimer son artère subclavière. Comme ce dernier se récriait qu'il n'y connaissait rien et serait bien en peine de la trouver, Achille l’assura que cela irait, pour peu qu’on prît la peine de l'aider à se dévêtir. Une fois torse nu, en effet, on découvrit qu'il s'était fait tatouer le trajet des troncs artériels et de leurs ramifications principales. Des cercles noirs indiquaient les points de compression, des pointillés les endroits adaptés pour amputer tel ou tel membre. À Grimod qui fut appelé ensuite à la rescousse et termina de le panser, Achille Fournier expliqua qu'il s'agissait de sa plus belle invention, et sans doute de la plus utile, car en pratiquant ce tatouage préventif sur tous les soldats, comme il espérait que ce serait un jour le cas – surtout, si le prince Svetchine acceptait d'en toucher deux mots à l'Archimandrake –, on éviterait la mort de bon nombre de blessés sur les champs de bataille.

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    Eléments biographiques :

    L'île du Point NémoJean-Marie Blas de Roblès est né en Algérie en 1954 d’une famille d’origine espagnole qui s’est installé en France, dans le Var, au moment de l’indépendance. Après avoir suivi des études de philosophie, il a été en poste au Brésil puis en Chine pour l’Institut français. Il s’est consacré exclusivement à l’écriture et é l’archéologie à partir de 1990. Il a publié 9 romans, 5 recueils de poésie et 6 essais.


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