• L'Arbre du pays Toraja

    N°191

    Philippe ClaudelL'Arbre du pays Toraja

    Stock 2016, Le Livre de Poche 2017

    209 pages

    Un metteur en scène de cinéma, la cinquantaine, de retour d’un voyage en Indonésie, au pays Toraja dont les rites funéraires l’ont profondément touchés et fait réfléchir, apprend que son producteur et meilleur ami est atteint d’un cancer.

    Sur ce point de départ, à travers des retours en arrières et des évocations, L’Arbre du pays Toraja est une réflexion sur la mort, et sur la vie. Le récit passe de souvenirs en anecdotes, des moments de joies et de plaisirs à ceux des grandes peines, des disparitions. Ph. Claudel maîtrise son roman d’un bout à l’autre, il aborde tous les thèmes qui font la complexité de l’existence de l’homme avec une grande simplicité littéraire. L’art et les livres sont au cœur de son histoire, l’amitié et la tendresse sont là à tour de rôle, le respect et l’envie, le malheur, l’angoisse et le vieillissement, la frivolité des sens et les profondeurs du bonheur. Et puis la mort et l’amour qui structurent son texte, du début à la fin, puisque que grâce à une habile pirouette, c’est avec une naissance que le livre se clôt.

    Ph. Claudel possède une écriture fluide et agréable, comme s’il pouvait dire les choses les plus dures et inacceptables sans crier, comme s’il parlait à voix basse en susurrant dans nos oreilles. L’Arbre du pays Toraja est un livre qui réussit à aborder les grandes questions avec calme, et avec une certaine volupté littéraire, un bel apaisement. Ph. Claudel, qui avait déjà fait remarquer son talent avec Les Âmes grises (2003), ou avec Le Rapport de Brodeck (2007), continue son exploration des grandes questions contemporaines dans une œuvre intime, douce et forte.

    Extrait:

    La beauté d’Elena me troublait car elle n’était pas faite pour moi. J’étais un intrus dans son existence. Un goujat qui apporte les soucis et le poids de son âge, ses muscles relâchés et sa peau qui commence à se rider comme la surface d’un vieux lac glaciaire sous le vent, à s’étioler de petites taches de rousseur, oui un intrus, qui s’invite en titubant au beau milieu d’une fête de la chair où tout n’est que fermeté, grain dur, derme soyeux. Une main avait tordu nos deux courbes du temps, essayant de les confondre, de les unir, mais elles restaient distinctes et étrangères bien que collées l’une à l’autre.

    Quand, après l’amour, Elena venait poser son visage dans le creux de mon épaule et fermait les yeux, je ne pouvais m’empêcher de songer qu’elle s’endormait sur la mort, que j’étais un gisant mais qu’elle ne le savait pas encore, que nous vivions un conte noir où une jeune femme frappée par un sortilège s’éprend d’un squelette dont elle est la seule à ne pas percevoir l’apparence terrifiante.

    .....

    Eléments biographiques :

    L'Arbre du pays TorajaPhilippe Claudel est né en 1962 près de Nancy. Après des études de lettres et d’histoire, il passe le CAPES et l’agrégation en lettres modernes puis obtient un doctorat en littérature française. Il est maître de conférences à l’Université de Lorraine et enseignant à l’Institut européen du cinéma et de l’audiovisuel. Il intègre l’Académie Goncourt en 2012. Il a publié quinze romans et sept recueils de nouvelles. Parallèlement il a aussi réalisé quatre films.


  • Commentaires

    1
    Lou
    Mardi 3 Octobre 2017 à 19:16

    Me ha gustado mucho su reflexión sobre el paso del tiempo y nuestra relación con la muerte. Quizás menos su yoismo y su relación con las mujeres.sarcastic 

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