• À l’abri du sirocco

    2023-49

    À l’abri du siroccoDomenico CAMPANA

    À l’abri du sirocco

    (1986)

    Liana Levi Piccolo, 2015

    125 pages.

    Domenico Campana (1929-2022) nous entraîne à Palerme, au cours de la Seconde Guerre mondiale, pour une histoire déclenchée par la réception d’une lettre recommandée, qui excite au plus haut point la curiosité des voisins de Rosalita et Vincenzo, auxquels elle est destinée.

    Les deux jeunes mariés apprennent ainsi, sans vraiment y croire jusqu’à la confirmation du notaire, que le prince Acquafutura, mort à l’âge de soixante-treize ans, les a couchés sur son testament et qu’ils sont les héritiers d’un palais. Quitter un deux pièces dans un quartier populaire pour habiter un immense et magnifique palais n’est rien moins qu’évident pour un ouvrier géomètre et sa jeune femme, dont on apprendra très vite qu’elle est enceinte, et cela d’autant plus qu’ils ont hérité, aussi, d’un vieux domestique répondant au nom de Salvatore, dont ils ne peuvent se défaire. Très vite, le vieux Salvatore joue un jeu pervers qui agace Vincenzo, mais auquel Rosalita se laisse prendre.

    En dix-huit petits chapitres, Campana, en utilisant presque uniquement Rosalita comme « je » narrateur, file une récit baroque et maniériste, à la frontière entre livre d’énigme et gothique pervers. Amusant, et piccolo, piccolo.

    . . . . .

    Citation

    « Cet aristocrate occupe une place croissante dans mon esprit ; (…)

    Salvatore m’a raconté un de ses voyages avec le prince à Paris. Ils logeaient au Georges V (…). Mais Antonio Paolo d’Acquafutura ne se rendait pas à Paris pour y rencontrer des ballerines (…). Mais lors de ce voyage, l’un des premiers, il n’était qu’un jeune homme ardent à la poursuite des fantasmes d’un homme qui l’avait ensorcelé par un de ces poèmes. Cet homme, intolérablement possédé et libre, qui, pendant la Commune, écrivait sur les bancs publics « mort à Dieu », avait été conduit à parcourir le monde et il revenait en France pour y mourir.

    Le soir suivant, au cours d’un dîner chez madame Bizet, il fit la connaissance d’un jeune homme hautain et oppressé par l’asthme, monsieur Proust. (…). Il avait écrit un livre que le prince acheta. Il le lit pendant le voyage de retour. Oubliant le pauvre hère du Bateau ivre le maître de Salvatore se consacra au culte de cet homme qui ne répondait à aucune de ses lettres. Prisonnier de son lit, le Français écrivait une œuvre interminable, dans laquelle il retraçait, avec une patience magnanime, l’aimable difformité des créatures. » p.76


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