• Les Passeurs de livres de Daraya

    N°580Les Passeurs de livres de Daraya

    Delphine Minoui

    Les Passeurs de livres de Daraya
    Une bibliothèque secrète en Syrie

    Éditions du Seuil 2017, Points 2020

    168 pages

    Seuil - une semaine, un livre (eklablog.com)

    Points - une semaine, un livre (eklablog.com)

     

    Une journaliste trouve sur Facebook, sur une page intitulée “Humans of Syria”, une photo de deux jeunes hommes entourés de livres, dans un lieu énigmatique qui semble être une cave. Elle décide d’entrer en contact avec eux.

    Les Passeurs de livres de Daraya raconte l’histoire de la liaison qui s’installe entre la journaliste – la narratrice du récit – et l’un des deux hommes de la photo, puis avec tout un groupe de jeunes qui résistent pacifiquement à la répression et aux assauts du régime de Bachar El-Assad. Leur lutte commence par le “sauvetage” de livres qu’ils vont chercher dans les ruines des maisons bombardées et par la création d’une bibliothèque secrète ouverte à tous les habitants qui refusent de fuir malgré les conditions qui se dégradent. L’histoire est connue : les attaques du régime de plus en plus violentes, le blocus de Daraya instauré par Damas et le peu d’aide reçue de la part des autres pays, feront que la vie y deviendra impossible et que seuls la fuite et l’exil seront possibles, pour ceux qui auront échappé à la mort.
    Le récit livré par Delphine MInoui est poignant car au-delà de l’histoire, elle lui donne un aspect humain grâce aux portraits des quelques personnes qu’elle va connaître à travers les discussions morcelées au gré de la qualité des liaisons internet.
    La Syrie, un drame du passé proche qui fait forcément écho au drame continu qui se déroule sous nos yeux en Palestine.

    . . . . . .

    Les Passeurs de livres de DarayaDelphine Minoui est née en 1974 dans une famille franco-iranienne. Après des études au CELSA et à l’EPHESS, elle s’installe en Iran pour exercer la profession de journaliste, puis à Beyrouth, au Caire et finalement à Istanbul. Elle est correspondante de France Inter et France Info ainsi que Grand reporter pour Le Figaro. Elle est lauréate du prix Albert Londres en 2006. Elle a publié sept livres. Les Passeurs de livres de Daraya a reçu le Grand Prix des lectrices Elle en 2018.

    . . . . . 

    Extrait :

    Quelle histoire cache cette photo ? À quoi ressemble son verso ? A-t-elle un contrechamp ? L’image me hante, elle m’attire comme un aimant vers cette Syrie impraticable, devenue trop dangereuse à arpenter. De courriels en appels passés sur Skype et WhatsApp, je finis par retrouver la trace d’Ahmad Moudjahed, son auteur. Ahmad est l’un des cofondateurs de cette agora souterraine. À travers les mailles d’une mauvaise connexion internet, unique lucarne sur le monde extérieur, il me raconte sa ville dévastée, les maisons en ruine, le feu et la poussière, et dans tout ce fracas les milliers ouvrages sauvés des décombres et rassemblés dans ce refuge de papier auquel tous les habitants ont accès. Des heures durant, il évoque en détail ce projet de sauvetage du patrimoine culturel, né sur les cendres d’une cité insoumise. Puis il me parle des bombardements incessants. Des ventres qui se vident. Des soupes de feuilles pour conjurer la faim. Et de toutes ces lectures effrénées pour se nourrir l’esprit. Face aux bombes, la bibliothèque est une forteresse dérobée. Les livres, leurs armes d’instruction massive.


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