• Voyage aux pays du coton

    2024-14

    Voyage aux pays du cotonErik ORSENNA

    Voyage aux pays du coton

    Petit précis de mondialisation.

    (Fayard, 2006) Livre de Poche. 2023.

    307 pages

    À la sortie du musée de la toile de Jouy où le coton, matière des fameuses toiles, est à l’honneur, il nous fut impossible de résister à l’appel du livre d’Orsenna (1947-), en bonne place dans la boutique-librairie – passage désormais obligé à la fin des parcours d’exposition. Il nous fit espérer sortir de notre ignorance crasse sur la fibre végétale la plus utilisée dans l’industrie textile.

    L’auteur, après une vague introduction sur le coton, que les troupes d’Alexandre le Grand ont transplanté d’Égypte en Grèce, « arbre à laine » dont il souligne la douceur, nous conduit dans les six grands pays producteurs. Il commence par le Mali où la production de coton est le monopole de la Compagnie Malienne de Développement Textile, en se focalisant sur la condition des camionneurs, mais non sans noter une belle caractéristique du vocabulaire malien qui ne possède qu’un seul mot, soy, pour tisser et parler. De là, il file aux États-Unis - au Tennessee : Memphis et Lubbock- et à son marché longtemps protégé grâce aux bons soins du National Cotton Council, avant de gagner le Brésil et de s’arrêter dans le Mato Grosso où la mécanisation est avancée, le transfert génétique expérimenté et où il semble découvrir l’origine de l’expression « jean denim. ». En Égypte, il s’attarde sur les dix salles consacrées au coton du Musée de l’agriculture et du coton du Caire et déplore l’évolution d’Alexandrie. En Ouzbékistan, deuxième exportateur mondial de coton, il décrit un système encore sous la coupe de l’Union soviétique, tandis qu’en Chine, où triomphe le capitalisme communiste, Datang, capitale de la chaussette, retient toute son attention. La fin du voyage a lieu dans les Vosges où la production textile a de la difficulté à se maintenir.

    Nous finissons cette « longue promenade » assez consterné de ce pot-pourri qui ne nous a pas appris grand-chose du coton, tant il est fait de remplissage: citations, déploration sur la disparition d’un grand hôtel au profit d’un Sofitel – ah! la nostalgie des palaces… –, règlement de compte contre les diplomates dont un ancien premier ministre, vantardise sur ses nombreux nouveaux amis – i.e., ceux qui le servent ou lui font une faveur –, nourriture infâme dans un avion, coquetteries diverses, etc. Quant au prétentieux « petit précis de mondialisation », il ne va pas plus loin que l’enfilage de généralités. Tout cela dans un style plat « comme un trottoir rue », pour reprendre Flaubert.

    Suivant la distinction de Schopenhauer entre les écrivains qui vivent pour la poésie et ceux vivent de la poésie, nous pouvons affirmer que ce monsieur est un auteur qui vit de l’écriture. Beaucoup de « pia-pia » pour rien.

    Citation

    « Le blues a dû naître un jour dans un champ de coton non loin d’ici, fils de l’esclavage et de la peine au travail. Dans ce champ comme partout alentour, on cultive du coton. C’est de cette manne que vivait Memphis. Si bien que dans l’âme de la ville se répondent à jamais les deux inséparables regrets : le regret du temps où le coton du Tennessee régnait sur le monde ; le regret du temps où l’air lui-même chantait le blues. »


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