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Rester vivant et autres textes
2024-37
Michel HOUELLEBECQ
Rester vivant
et autres textes.
(1991)
Flammarion, Librio 1997
93 pages.
Ce recueil reprend huit textes de HOUELLEBECQ d’abord publiés aux éditions La Différence, dont trois articles, deux parus dans les Inrockuptibles et un dans les Lettres françaises.
Il présente un caractère de « conseils aux jeunes auteurs » dans une première partie intitulée Rester vivant, méthode, qui s’apparente au romantique « Et frappe-toi le cœur, c’est là qu’est le génie » de Musset, avec « D’abord, la souffrance », la sienne étant sa laideur incontournable sur laquelle il revient, avant de devenir un pot-pourri de considérations sur les sujets les plus divers : la littérature avec une attaque féroce du « répugnant réalisme poétique » de Prévert, qu’il qualifie de con, le cinéma avec un éloge appuyé du cinéma muet, l’architecture, « vecteur d’accélération des déplacements », ou encore une démolition en règle de la notion de fête puisqu’il ne peut s’empêcher de se demander : « Mais qu’est-ce que je fous avec ces cons? ».
Rester vivant nous offre le meilleur ― l’amour de la métrique ancienne, la poésie du mouvement arrêté, le monde comme supermarché ― et le pire ― ses détestations, ses problèmes de bas ventre qui virent au délire sexuel avec internet ― d’un auteur sans concessions, mais non sans prétention.Extrait
« Contrairement à la musique, contrairement à la peinture, contrairement au cinéma, la littérature peut ainsi absorber et digérer des quantités illimités de dérision et d’humour. Les dangers qui la menacent aujourd’hui n’ont rien à voir avec ceux qui ont menacé, parfois détruit les autres arts ; ils tiennent beaucoup plus à l’accélération des perceptions et des sensations qui caractérise la logique de l’hypermarché. Un livre en effet ne peut être apprécié que lentement ; il implique une réflexion (non surtout dans le sens d´effort intellectuel, mais dans celui de retour en arrière) ; il n’y a pas de lecture sans arrêt, sans mouvement inverse, sans relecture. Chose impossible et même absurde dans un monde où tout évolue, tout fluctue, où rien n’a de validité permanente : ni les règles, ni les choses, ni les êtres. De toutes ses forces (qui furent grandes), la littérature s’oppose à la notion d’actualité permanente, de perpétuel présent. » p.51
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