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Mon nom ne vous dira rien
N°577
Jean-Luc Outers
Mon nom ne vous dira rien
Les Impressions nouvelles 2023
203 pages
Les Impressions Nouvelles - une semaine, un livre (eklablog.com)
Un homme s’apprête à passer une semaine en célibataire tranquille puisque sa femme part en mission en Afghanistan. Mais rien ne se passera comme prévu entre les poissons rouges, son fils et son petit fils et un couple d’amis à la dérive.
Ce récit, raconté à la première personne du singulier, se déroule sur une semaine, chronologiquement. Les évènements se succèdent, entraînant le narrateur dans un mouvement qui lui échappe. Mon nom ne vous dira rien touche à plusieurs sujets, plus ou moins graves ou joyeux : la rupture d’un jeune couple, la relation entre un homme et son petit-fils, la maladie d’Alzheimer, les limites de l’amitié ... Tout y est approché avec douceur et grande sensibilité, de façon très humaine. Le lecteur accompagne le narrateur à travers les péripéties qui vont se succéder entre Bruxelles et Rome. Il découvre avec lui les évènements, s’en étonne et partage ses douleurs, ses surprises et ses interrogations.
Comme Jean Mattern (une semaine, un livre n°560, 567, 576), Jean-Luc Outers est un écrivain de l’intime. Son écriture est belle, douce et agréable. Ici pas de grand mouvement lyrique, pas d’afféteries, mais une structure littéraire claire et sûre. Mon nom ne vous dira rien n’est pas un roman flamboyant, mais c’est un roman qui se situe au plus près de la vie, de ce qu’elle a de plus normal et en même temps de surprenant. L’imprévu n’est-il pas ce qui donne à la vie toute sa saveur, semble-t-il dire à travers cette histoire aussi banale qu’extraordinaire.. . . . .
Jean-Luc Outers est né à Bruxelles en 1949. Après des études de droit à Louvain, il entre dans le Service public. De 1990 à 2012 il occupe le poste de Conseiller littéraire, responsable du Service des Lettres et du Livre au Ministère de la Culture de la Communauté Française. Il a publié son premier roman en 1990; son œuvre littéraire compte plus de quinze ouvrages.
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Extrait :
Ce récit de sept jours qui ont marqué une vie, la mienne que je pensais largement derrière moi, s'ouvre, allez savoir pourquoi, sur une navrante histoire de poissons rouges que Julie avait offerts à Gaspard juste avant son départ en voyage. Au moment de monter dans le taxi, elle m'avait parlé du bocal sur l'étagère et de la nourriture, à garder hors de portée des enfants, avait-elle insisté en claquant la portière. C'est pourquoi elle avait disposé la boîte en métal bien haut sur le dressoir du living, un meuble rustique hérité de sa grand-mère que je n'avais jamais réussi à bazarder. Le regard, même en éveil, d'un adulte d'un mètre quatre-vingt-quatre n'avait aucune chance de croiser ce cylindre insignifiant. Il était écrit que le secret de la cache ajouté à la discrétion des poissons rouge qui exploraient leur nouveau domaine ne perturberait en rien ma vie de célibataire éphémère. Gaspard avait trois ans et quelques, l'âge où le monde s'éveille à la conscience, où tout ce qui bouge, le vol d'un papillon, le balancement d'une fleur, le galop d'un âne, prend des allures d'apparition. La rotation inlassable des poissons rouges, qui pourtant se confond avec la morne répétition des jours, capterait à n’en plus finir son regard ébloui et, par un effet d’osmose, nous entraînerait, Julie et moi, à redécouvrir le monde avec des yeux d'enfant.
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