N°538

Pierric Bailly

Le roman de Jim

P.O.L 2021, folio 2023

239 pages

P.O.L - une semaine, un livre (eklablog.com)

folio - une semaine, un livre (eklablog.com)

Un jeune homme de 25 ans tombe sous le charme d’une femme enceinte de 40 ans. Ils décident de vivre ensemble. Mais la différence d’âge, la présence de l’enfant et la réapparition du père biologique rendent les choses difficiles.

Le roman de Jim raconte une histoire qui se passe dans le Jura, entre Besançon, Morez et Saint Claude, et plus au Sud vers Lyon, dans cette région froide et belle, aux hivers rigoureux, fleurissante fut un temps grâce à ses usines de lunettes et de pipes, région en marge des flux, où il règne une ambiance désolée marquée par la baisse de son activité industrielle. C’est dans cet écrin que Pierric Bailly raconte une histoire du XXIe siècle, une histoire d’amour, de liberté, mais aussi une histoire de désespoir, de mensonge et de tristesse.

Ce roman couvre les 25 premières années de la vie de Jim. Une vie mouvementée entre des parents qui s’aiment et se déchirent, entre la volonté de bien faire et les erreurs ou errements dus à la peur et à la méfiance. Le roman de Jim est une histoire contemporaine, avec son paysage social tendu, ses soirées arrosées, sa jeunesse parfois perdue. C’est un roman qui dit que l’amour c’est compliqué, que rien n’est sûr, qu’un enfant c’est compliqué et que la paternité ça ne s’invente pas. Pierric Bailly, à travers son histoire à rebondissements, parle des sentiments qui peuvent agiter un jeune homme qui vieillit au fur et à mesure des années qui passent, et de la complexité de la vie. Il essaie de comprendre ce qui guide, ce qui fait que les décisions se prennent dans un couple et comment l’amour l’emporte, ou pas, sur la raison de la famille et de la responsabilité d’éduquer un enfant.

Pierric Bailly écrit dans un style simple et clair, sans fioritures. Son récit, à la première personne du singulier, se déroule de façon linéaire et chronologique.

C’est le roman d’une génération, mais à trop vouloir bien faire, à vouloir être universel peut-être, on ne retrouve pas le charme qui opérait si bien dans l’homme des bois (une semaine, un livre n°521). Néanmoins, Pierric Bailly est un digne représentant d’une nouvelle génération d’écrivains français.

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Pierric Bailly est né en 1982 dans le Jura. Après des études de cinéma à Montpellier, il retourne dans le Jura pour travailler en usine. Son premier roman, Polichinelle, paru en 2008 est très remarqué par la critique. Il vit actuellement à Lyon. Il se consacre à l’écriture. Il a publié huit romans, tous chez P.O.L et un récit chez Cambourakis.

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Extrait :

Mon goût pour les situations compliquées, pour les histoires tordues, si j'étais bien incapable de dire d'où il me venait, je pouvais au moins l'assumer, peut-être le revendiquer. C'est ce qui a changé avec Florence. Sans doute un effet de sa maturité et de son intelligence, ou même de son rock'n'roll. Avec elle j'ai commencé à accepter que ces plans foireux, ces plans bizarres, je les choisissais, je les laissais venir à moi. Les plans mais aussi les gens, les gens compliqués, les gens abîmés. Une quadragénaire célibataire enceinte de six mois finalement ça m'allait parfaitement. Quelque chose m'excitait dans la situation. Sa grossesse m'excitait. Est-ce qu'on parle là d'excitation sexuelle ? Pas sûr. C'était un autre type d'excitation physique, celle du compétiteur, celle de l'amateur de sports extrêmes. Il ne fallait pas que cela soit trop facile ou bien ça risquait d'être ennuyeux. Comme si j'avais été traumatisé par mon histoire avec Jenny et que maintenant je ne réagissais que face à la promesse d'un défi.