• Bartleby le scribe

    2024-5

    Bartleby le scribeHerman MELVILLE

    Bartleby le scribe

    (1853). Traduit de l’anglais (États-Unis) par Pierre Leyris. « Notes pour une vie de Herman Melville » par Philippe Jaworski.

    Gallimard Folio. 1996. 99 pages.

    Bartleby le scribe est sans doute la plus fameuse des nouvelles d’Herman Melville (1819- 1891), auteur du célébrissime Moby Dick.

    Le je narrateur est un avoué, aidé dans son étude par deux copistes, les inénarrables Dindon et Lagrinche, et « un gamin d’une douzaine d’années », garçon de bureau voué aux petites besognes et répondant au surnom de Gingembre. Estimant nécessaire un employé supplémentaire, il engage Bartleby. Celui-ci, très appliqué à son travail de copiste, refuse tout autre demande comme aller à la poste ou recevoir un client, et même collationner avec son patron les copies qu’il a faites, en usant toujours, sur un ton parfaitement neutre et poli, de la même formule : « Je préfèrerais pas ». Le narrateur supporte la situation jusqu’à ce qu’il découvre que son employé non seulement ne travaille plus du tout, ses yeux malades l’en rendant incapable, mais en outre qu’il habite à l’étude. Les demandes de partir répétées qu’il fait à son employé obtenant toujours la même réponse, il loue un autre bureau et toute l’équipe quitte les lieux, sauf Bartleby. Bartleby ne trouve évidemment pas auprès du propriétaire et des nouveaux occupants la même indulgence et finit tristement.

    Melville nous donne là une nouvelle rapide, bien écrite, dans laquelle il montre toute sa maîtrise de conteur. Que dire de plus ? Convient-il de donner son opinion sur cet exemple parfait du fameux nonsense, humour absurde dont les Anglais se sont fait une spécialité, et pas seulement en littérature ?

    « I would prefer not to. »

    . . . . . .

    Citations

       « À la suite de l’annonce que j’insérai, un jeune homme immobile apparut un matin sur le seuil de mon étude (nous étions en été et la porte était ouverte). Je vois encore cette silhouette lividement propre, pitoyablement respectable, incurablement abandonnée ! C’était Bartleby.

       Après quelques mots touchant ses capacités, je l’engageai, heureux d’avoir dans mon corps de copistes un homme d’aspect aussi singulièrement rassis, qui ne manquerait pas, pensais-je, d’exercer une influence salutaire sur le tempérament évaporé de Dindon et sur les esprits ardents de Lagrinche. » p. 22-23

    « « Je préfèrerais pas », dit-il.

    Je le regardai fixement. Son visage offrait une maigreur tranquille ; son œil gris, une vague placidité. Si j’avais décelé dans ses manières la moindre trace d’embarras, de colère, d’impatience ou d’impertinence ; en d’autres termes, si j’avais reconnu en lui quelque chose d’ordinairement humain, je l’eusse sans aucun doute chassé violemment de mon étude.

    (…)

    Rien n’affecte autant une personne sérieuse qu’une résistance passive. Si l’individu qui rencontre cette résistance ne manque pas d’humanité et s’il voit que l’agent de résistance est parfaitement inoffensif dans sa passivité, il fera, dans son humeur la plus favorable, de charitables efforts pour exposer à son imagination ce qui demeure impénétrable à son jugement. » p.26 et 31-32


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