• Sa Seigneurie

    N°207

    Jaume CabréSa Seigneurie                                                  

    Sennyoria

    1991, Christian Bourgois 2004, Babel 2017

    438 pages

    Au passage du siècle, en 1799, dans une Barcelone sombre, une cantatrice française est retrouvée assassinée dans sa chambre d’hôtel. Un jeune poète qui avait passé la soirée avec elle est arrêté, jugé et condamné, rapidement et malgré le manque de preuves. Mais son meilleur ami, un jeune lieutenant, est persuadé de son innocence et veut rétablir la vérité.

    Dans Sa Seigneurie, J. Cabré prend plaisir à peindre sa ville en détail, une ville décadente où le crime et les plaisirs illicites sont des valeurs sûres. On y découvre une Barcelone où les plaisirs et les arts font bon ménage, où les sciences commencent à s’exprimer, et où la moralité commence à se montrer. Le personnage principal, Sa Seigneurie, vit entouré d’une série de figures pittoresques, entre ses maîtresses, son travail de juge, son goût pour la musique, Haydn en particulier, et sa passion pour les étoiles et l’astronomie.

    Bâti comme un roman policier, avec un crime au début du récit, Sa Seigneurie, entretient un suspens qui n’en est pas vraiment un. On sent plutôt que J. Cabré veut décrire cette ville et cette vie foisonnante, et les transformations de la société en ce tout début de XIXème siècle. Mais malheureusement ce foisonnement dessert son propos et le noie dans une masse de détails qui n’apportent rien à l’intrigue et qui ne permettent pas de profiter des quelques personnages et situations intéressantes.

    Sa Seigneurie est un gros pavé finalement emporté par sa propre lourdeur. On y trouve les prémices de ce qui fera la réussite de Confiteor vingt ans plus tard (une semaine un livre n°177) sans la maîtrise ni le mystère.

    .....

    Extrait:

    - Très bien mon fils, je veux dire monsieur. Ne croyez-vous pas qu'il doit exister quelques systèmes pour que la société se défende contre les méfaits des individus ? Vous n'êtes pas d'accord ?

    - Je ne sais pas. Mais je n'ai pas confiance en la justice humaine. Je me méfie des hommes.

    - Les personnes qui rendent la justice s’efforcent d'être équitables… Elles suivent les lois.

    - Les lois ! La grande invention ! Le salut pour ceux qui travaillent pour la justice… Ainsi ils n'ont pas à étudier chaque cas.

    - Je ne vous comprends pas.

    - La loi est un ensemble de choses arbitraires rassemblées en code est consacrées par les habitudes de chaque époque. Vous me comprenez, mon père? Une affaire de professionnels.

    - Là je ne vous ai pas suivi.

    - Je me méfie des hommes. Et les hommes ont fait la loi, mon père.

    - Mais les hommes de loi sont honnêtes. Faites leur confiance. Ils sont honnêtes.

    - N'en croyez rien.

    - Et comment le savez-vous avec tant d'assurance ?

    - Je suis juge, mon père.

    Silence.

    .....

    Eléments biographiques :

    Sa SeigneurieJaume Cabré i Fabré est né en 1947 à Barcelone. Il est licencié en philologie catalane à l'Université de Barcelone, professeur certifié et enseignant à l'Université de Lleida, membre de la section philologique de l'Institut d'Estudis Catalans. Il a publié 18 livres dont 10 romans. Seulement 4 sont traduits en Français. Il a écrit également de nombreux scénarios pour la télévision et la radio.


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