• Les partisans

    N°180

    Aharon AppelfeldLes partisans

    Ad hod ha-Tsa’ar – traduit de l’hébreu par Valérie Zenatti

    2012, Editions de l’Olivier 2015, Points 2016

    331 pages

    Fuyant les persécutions du ghetto, quelques Juifs se retrouvent réfugiés dans la forêt et forment un groupe de résistance. Ils s’installent sur une colline dans une zone isolée de marécages et survivent difficilement. Les hommes forment un commando de combattants, les plus âgés, les femmes et les enfants font vivre le campement. Ils s’approvisionnent chez les paysans et descendent pour faire dérailler les trains emmenant les Juifs et recueillir les rescapés. La radio annonce la progression de l’armée rouge et la défaite allemande.

    Dans Les partisans, Aharon Appelfeld s’intéresse plus à la personnalité de ses personnages qu’à la grande histoire, supposée bien connue. Par petites touches successives, au cours des aventures du groupe, il dépeint une galerie d’hommes et de femmes avec précision et sensibilité. Unis dans leur lutte, ils ont cependant des convictions bien différentes. Les soirées sont l’occasion de débats théologiques ou de longues discussions entre les Juifs qui suivent la Torah et les communistes défendant Lénine et Staline. Mais au-delà de ça, Aharon Appelfeld décrit des gens de grandes qualités humaines transcendant leur judaïsme, n’hésitant pas à accueillir parmi eux un déserteur ukrainien et à ne pas tuer l’officier allemand qu’ils capturent.

    Raconté par un jeune homme à la première personne (s’inspire-t-il de sa propre histoire ?) dans un langage très simple, ce roman prend des allures de fable ou parabole. On retrouve, comme dans ses autres romans, ces personnages sans espoir ni désespoir, mais dont la volonté reste intacte, la volonté d’aller de l’avant même dans l’inconnu. Les romans d’Aharon Appelfeld ont cette caractéristique de raconter les plus sombres moments de l’histoire du XXe siècle en inspirant un grand calme.

    .....

    Extrait:

    La nuit où Kamil a parlé de notre peuple en tant que tribu et de son Dieu est restée inoubliable et ses paroles résonnent encore. Il est difficile de se libérer de l'idée que cet homme qui nous conduit dans des zones dangereuses est animé par des pensées qui nous heurtent, et nous effraient même.

    Les gens se souviennent qu'au début de notre périple il était comme tout le monde, sans saute d'humeur, mais il faut croire qu'il a changé intérieurement, à l'instar de son visage qui s'est métamorphosé, le faisant de plus en plus ressembler à un prêtre catholique.

    Si nous avions des doutes, les choses sont claires à présent : il essaie de nous inculquer qu'il est impossible de combattre un ennemi si déterminé sans l'amour de notre tribu, de son Dieu et de ses croyances. C'est trois termes, ensemble et séparément, font sortir les gens de leurs gonds. « Mon commandant ! Cria ce soir-là un combattant audacieux. Épargne-toi et épargne-nous. Sors-toi ces visions de la tête ! »

    .....

    Éléments biographiques :

    Les partisansAharon Appelfeld, אהרן אפלפלד, est né en 1932 près de Czernowitz (alors en Roumanie). Il est considéré comme un des plus importants écrivains israéliens de langue hébraïque de la fin du XXe siècle. Il a écrit plus de quarante livres.


  • Commentaires

    1
    Fx
    Lundi 12 Décembre 2016 à 20:32

    Oui, là tu donnes envie de lire ça.

     

    Etant entendu que la "culture judéo-chrétienne", à laquelle tu fais allusion dans ton email, est une conception relativement loufoque de mon point de vue et qui ne laisse pas de m'interpeler :)

     

    De m'interpeler dans la joie hein, pas dans l'inventaire névrotique de ce qui pourrait bien rendre les uns les autres soi-disant incompatibles.

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