N°249

William Trevor

1976, Libella 2014, libretto 2017

243 pages

1991, Phébus 1993, libretto 2012

257 pages

Dans une petite cité balnéaire du Suffolk, la fête annuelle se prépare. Un jeune adolescent, issue d’une des plus pauvres familles du village, va faire tout ce qu’il peut pour monter le spectacle dont il rêve. Comme il traine beaucoup dans la rue, il connait bien des secrets de famille et il n’hésite pas, dans son innocence, à utiliser le chantage pour parvenir à ses fins.

A travers le scénario de Les Enfants de Dynmouth qui montre comment un adolescent un peu perturbé peut déstabiliser une petite communauté bien-pensante, W. Trevor esquisse finement une peinture des travers et des psychoses de la bourgeoise provinciale anglaise. Derrière une approche plutôt tranquille, se cache une critique dure et ciblée de l’hypocrisie et de la décadence de cette société.

Dans En lisant Tourgueniev, W. Trevor continue cette description romanesque de la bourgeoisie. Cette fois il s’agit d’une vieille dame que sa famille a fait interner. Au fur et à mesure du récit, on comprend que sa « folie » est liée simplement à la non-acceptation de son sort, à son rejet des conventions imposées par sa belle-famille, et à son amour de jeunesse pour son cousin disparu subitement.

Ecrits dans un style classique, les romans de W. Trevor, sont, au-delà des apparences, des brulots féroces contre la société britannique. Ils dégagent et mettent en lumière ses carcans, ses côtés obscurs et ses névroses. Les personnages principaux représentent les aspects rejetés de la société. Ils sont présentés comme les victimes même si eux-mêmes sont assez déséquilibrés. W. Trevor oppose le silence oppressant de la bourgeoisie des non-dits à la folie inéluctable des inadaptés et de ceux qui aspirent à la liberté. Derrière un aspect plutôt sage et classique, les romans de W. Trevor sont de vives critiques de la société.

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Extraits:

Timothy éleva la voix, bien que le vieil homme continuât à lui faire signe qu’il était sourd comme un pot. L’affaire resterait à jamais un secret : même si la femme du docteur venait à mourir et qu’il épousait Miss Lavant en secondes noces, l’histoire de la naissance de l’enfant demeurerait un secret, par respect pour les morts. Un secret bien protégé, jamais évoqué par les personnes concernées, voilé de brume. Timothy avait dit au pasteur que la chance ne frapperait pas à sa porte, mais on ne pouvait l’affirmer, vous deviez toujours garder le moral ou vous étiez fichu. Vous découvriez un beau jour que vous pouviez prendre une voix de fausset, le lendemain vous compreniez pourquoi une femme vous avait offert un bonbon. La vie n’attendait que vous. Pour commencer vous pouviez hériter d’une somme d’argent. Il sourit au vieil homme et remua la tête.

- Vraiment chouette, commenta-t-il, en parlant de la voix de Petula Clark.

(Le Enfants de Dynmouth)

Il faut que je m’en aille maintenant, dit le pasteur.

Mais il l’écoute encore lui parler du pêcheur de Tourgueniev. C’est ainsi que son cousin lui a fait sa cour, en la faisant accéder à l’univers d’un romancier : c’était la seule chose en leur pouvoir, lui, d’offrir, elle, de recevoir. Et pourtant la passion est née, seule forme de consommation de leur amour. Trente et un ans durant, elle s’est accrochée à un refuge où son amour a pu croître et embellir, une retraite sûre qui lui a offert protection et abri. Trente et un ans durant, elle a passé pour folle et a vécu en paix.

-  Je m’habille pour lui plaire, dit-elle, et même je me maquille dans notre cimetière, je suis heureuse de pouvoir recommencer à me faire belle pour lui.

(En lisant Tourgueniev)

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Eléments biographiques :

William Trevor est né en 1928 près de Cork en Irlande et mort en 2016 dans le Sommerset en Angleterre. Issu d’une famille protestante, il a fait des études d’histoire à Dublin et a d’abord commencé une carrière de sculpteur, tout en enseignant et en écrivant. En 1952 il se marie et s’installe en Angleterre où il travaille dans une agence de publicité. Son premier roman est publié en 1958, mais c’est en 1964 qu’il connait du succès avec son roman The Old Boys. Il devient alors écrivain. Il a écrit 20 romans, 20 recueils de nouvelles et des pièces de théâtre. Il a reçu de nombreux prix littéraires aussi bien en Irlande qu’au Royaume-Uni.