• Le testament de Marie

    N°181 bis

    Colm TóibínLe testament de Marie

    The Testament of Mary – traduit de l’anglais (Irlande) par Anna Gibson

    2012, Editions Robert Laffont 2015, 10/18 2016

    114 pages

    Marie est vieille. Elle se souvient de tout : de son fils, enfant, puis jeune menant une drôle de vie, voyageant et parlant aux foules, les évènements bizarres, le pauvre Lazare, et puis l’arrestation, le jugement, la condamnation et la crucifixion. Tout cela est loin maintenant, seule la souffrance reste.

    Dans Le testament de Marie, C. Tóibín fait parler Marie, le long de ses souvenirs. Elle parle du complot contre son fils, de sa souffrance, des gens autour, les lâches et ceux qui ont monté tout ça, ceux qui falsifieront l’histoire, elle, elle sait ce qui s’est réellement passé. Oui, son fils était étrange, il faisait des choses curieuses, comme aux noces de Cana ou sur le lac avec les vagues, mais elle sait que sa mort a été arrangée pour en faire un mythe. Elle l’a vu hurler et se débattre quand les soldats lui ont cloué les mains sur la croix, et puis elle a eu peur et elle est partie. La résurrection … des histoires colportées par ces deux types qui la surveillent.

    C. Tóibín réécrit ce récit fondateur à travers les yeux d’une mère qui a élevé seule son enfant car le père est mort jeune. Il donne aux apôtres un rôle majeur dans l’élaboration du mythe. Ils sont présentés comme des manipulateurs peu soucieux de vérité.

    Le testament de Marie est écrit à la première personne, comme un enchevêtrement de souvenirs, une voix qui parle et qui dit bien autre chose que l’histoire officielle en replongeant dans la mémoire. Un livre curieux, qui garde tout le mystère de Jésus, dont le nom n’est jamais cité, et dont on ne sait pas très bien pour quelle démonstration C. Cóibín l’a écrit, mais qui intrigue.

    .....

    Extrait:

    J'ai attendu, et les semaines ont passé. Des bribes d'information ne parvenaient parfois. J'ai appris que mon fils n'était pas retourné dans les montagnes. J'ai su que Lazare était encore en vie ; il était devenu un objet de discussion intense autour de chaque puits, à chaque coin de rue, partout où les gens se réunissaient. J'ai su que certains attendaient devant sa maison pour tenter de l’apercevoir ; la crainte qu'il inspirait s'était dissipée. Ces échanges étaient pour tous un moment de plaisir, plein de rumeurs, de nouvelles fraîches, d’histoires à la fois vraies et follement exagérées. Mes jours à moi se déroulaient dans le silence mais, d'une façon ou d'une autre, la folie qui flottait dans l'air, cet air où les morts revenaient à la vie, où l'eau se changeait en vin, où les vagues de la mer se laissaient calmer par un homme marchant sur l’eau, ce grand dérangement de l'ordre du monde s’infiltrait tel un voile humide ou une brume rampante dans les quelques pièces où je vivais.

    .....

    Eléments biographiques :

    Le testament de MarieColm Tóibín est né en 1955, dans le comté de Wexford en Irlande. Après des études d’histoire d’anglais à Dublin, il part s’installer à Barcelone. Il voyage beaucoup et travaille comme journaliste, puis il commence à écrire et publie un premier livre en 1985. Il vit entre l’Irlande et la Catalogne. Il a publié 28 livres, dont 10 sont traduits en français.


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