• Le liseur

    N°198

    Bernhard SchlinkLe liseur

    1995, Gallimard 1996, folio 2017

    243 pages

    Dans une petite ville de l’Allemagne de l’après-guerre, un adolescent et une femme plus âgée vivent une forte histoire d’amour pendant quelques mois au cours desquels le jeune amant devient aussi liseur, car avant l’amour vient la lecture… Mais un jour la femme disparaît soudainement.

    Plusieurs années plus tard, le jeune homme, alors en fin d’études de droit, assistant à un procès d’assises de criminelles de guerre nazis, reconnait son amantes sur le banc des accusées. Petit à petit, il comprend alors son secret.

    Le liseur est à la fois un beau roman d’amour, une histoire d’initiation, un texte philosophique sur la faute, la punition et la rédemption, une réflexion sur la société allemande dans les secousses de l’après nazisme, et un livre sur l’importance de la lecture en tant que moyen de communication et des livres comme vecteur de l’histoire.

    B. Schlink aborde brillamment ces divers sujets, les enchevêtre jusqu’à se perdre dans l’entrelacs de la mémoire, assez acérée, du personnage principal. Écris à la première personne du singulier, Le liseur est une longue confession, entre souvenirs et oublis, dans laquelle les questionnements reviennent sans cesse. Autant le narrateur se livre dans ses plus vives pensées, autant le personnage de la femme reste mystérieux, comme si la vie et les réactions des autres étaient incompréhensibles et que seul un voile peut être levé pour poser d’autres énigmes. Dans la même veine que Le Choix de Sophie (William Styron, 1979), Le liseur est un livre qui appuie là où ça fait mal, mais c’est un livre profondément humain, sensuel et intellectuel en même temps.

    .....

    Extrait:

    « Il est des choses dans lesquelles on n’a tout simplement pas le droit de tremper et qu'il faut fuir, si cela ne vous coûte pas la vie. »

    Cela aurait peut-être suffi s'il avait dit la même chose, mais en parlant d'Hanna, ou encore de lui-même. Parler de ce que l'on doit ou ne doit pas, et de ce que cela coûte, cela ne répondait pas au sérieux de la question qu'avait posé Hanna. Elle avait voulu savoir ce que, dans sa situation, elle aurait dû faire, et non s'entendre dire qu'il y a des choses qu'on ne fait pas. La réponse du juge était désemparée et pitoyable. Tout le monde le sentit. On réagit avec un soupir de déception, et l'on eut un regard étonné pour Hanna, qui avait en quelque sorte gagné cet échange. Mais elle restait plongée dans ses pensées.

    « Donc j'aurais… Je n'aurais pas… Je n'aurais pas dû, chez Siemens, allez m'engager ? »

    Ce n'était pas une question adressée au juge. Elle parlait pour elle-même, se posait à elle-même la question, en hésitant, parce qu'elle ne se l'était jamais posée, qu’elle doutait que ce fut la bonne question, et qu'elle en ignorait la réponse.

    .....

    Eléments biographiques :

    Le liseurBernhard Schlink est né en Allemagne en 1944 d’un père pasteur et d’une mère suisse. Il fait des études de droit et devient professeur de droit à l’Université. De 1987 à 2006, il est également juge au tribunal constitutionnel de Rhénanie du Nord. Il est membre du Parti social-démocrate. En tant qu’écrivain, il commence par écrire des romans policiers dont le personnage principal est un ancien procureur nazi devenu détective. Il en écrit une trilogie. Il publie également sept romans et deux recueils de nouvelles ainsi que plusieurs essais.


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