N°209

James McBride

The Good Lord Bird

2013, Gallmeister 2017

476 pages

Quelques années avant la Guerre de Sécession, dans l’Est des États-Unis, un jeune métis voit son père être tué pendant une rixe et est recueilli par un vieux chrétien abolitionniste et illuminé qui le prend pour une fille.

A partir de cet évènement, le jeune orphelin sera balloté à travers le pays à la suite de sa nouvelle famille, tentant régulièrement de s’en échapper mais y trouvant finalement amitié et un bien-être sans cesse remis en cause d’ailleurs.

Avec L’Oiseau du Bon Dieu, J. McBride retrace les évènements qui ont mené à la guerre civile et à la victoire de l’abolitionnisme. Bien documenté, il décrit les mentalités qui s’affrontent, les tentatives variées des Noirs pour sortir de leur condition d’esclave et des Blancs pour trouver des solutions à cette situation intenable, ainsi que les systèmes d’affranchissement ou d’évasion, par exemple le « chemin de fer » qui a fait passer des milliers d’esclaves vers le Nord, tout cela assorti de réflexions de l’auteur placées dans la bouche de son jeune héros.

Les personnages sont nombreux, bien campés et illustrent la diversité des points de vue autant chez les Blancs que chez les Noirs. Le personnage du Vieux (John Brown, figure célèbre de l’abolitionnisme) est intéressant et complexe, autant bandit que sauveur, autant prêcheur que pêcheur, autant sans pitié que tendre en particulier pour ses enfants et sa fille d’adoption.

Malgré la dureté de l’époque, les atrocités commises, les conditions de vie épouvantables, L’Oiseau du Bon Dieu est écrit sur le ton de la comédie. Les anecdotes et situations les plus abracadabrantes se succèdent, et l’ambiance est plus proche du cinéma muet que du cinéma hollywoodien, et rappelle ces BD contemporaines trash et grimaçantes mais jamais dénuées d’humour. L’Oiseau du Bon Dieu souffre cependant de longueurs et répétitions et d’un manque de construction de la tension dramatique, traits que l’on retrouve d’ailleurs souvent dans la littérature contemporaine américaine.

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Extrait:

Plus d’un soir, elle m'a demandé de m’asseoir avec elle sur la véranda, vu qu'aucun des hommes était autorisé à se montrer et en plus, elle considérait que c'était son affaire de m'instruire sur les voies de la Bible et la façon de mener une vie de chrétien. On passait ces heures-là à lire la Bible ensemble dans le crépuscule et à discuter certains passages. J’en étais venu à aimer ces discussions, vu que, même si je m’étais habitué à vivre un mensonge – être une fille –, pour moi les choses étaient claires : être Noir, c'est un mensonge, de toute façon. Personne vous voit tel que vous êtes vraiment. Personne sait qui vous êtes à l'intérieur. Vous êtes jugé sur ce que vous êtes à l'extérieur, quelle que soit votre couleur. Mulâtre, brun, noir, peu importe. Pour tout le monde vous êtes un Noir, tout simplement. Mais d'une certaine manière, être assis sur le banc de cette véranda, discuter avec elle et regarder le soleil se coucher sur les montagnes au-dessus de Ferry, me faisait oublier ce qui me couvrait le corps et le fait que le Vieux se préparait à nous faire tous réduire en bouillie. J’en suis venu à comprendre que, peut-être, le plus important était ce qu'il y avait à l'intérieur, et que votre enveloppe extérieure comptait pas autant que les gens l’imaginaient, qu’elle soit noire ou blanche, masculine ou féminine.

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Eléments biographiques :

James McBride est né en 1957 d’un père pasteur noir américain et d’une mère juive polonaise émigrée. Il est le huitième d’une fratrie de douze. Il fait des études de musique et de journalisme. Il travaille pour de nombreux journaux comme le Washington Post, le New York Times ou Rolling Stones. Il devient connu grâce au succès rencontré par ses mémoires paru en épisodes dans le New York Times sous le titre The Color of Water en 1994 et 1995. Il a publié cinq livres. Il poursuit par ailleurs une carrière de saxophoniste, et de compositeur de jazz.