• Impurs

    N°211

    David VannImpurs

    Dirt 

    2012, Gallmeister 2013, Gallmeister Totem 2017 2010

    248 pages

    Dans la chaleur suffocante de l’été californien, un jeune homme désœuvré, en plein conflit avec sa mère chez qui il habite, est attiré par l’ésotérisme et la méditation. Suite à un weekend qui tourne mal, avec sa grand-mère sénile, sa tante et sa jeune cousine allumeuse, dans leur cabane au bord d’une rivière, et qui s’achève en psychodrame familial, leur relation se détériore jusqu’au drame inévitable.

    Avec Impurs, D. Vann continue d’explorer les relations parent – enfant et les difficultés rencontrés par les adolescents ou jeunes adultes issus de familles conflictuelles. Cette fois, ce n’est pas les rapports entre un fils et son père comme dans Sukkwand Island (une semaine un livre n°1) ou dans Goat Mountain (une semaine un livre n°106bis), mais entre un fils et sa mère.

    Dans cet été torride, on retrouve aussi le poids de la nature, même s’il ne s’agit pas ici de la grande nature sauvage comme dans les romans cités, mais plutôt des éléments naturels, le sol, le soleil, la chaleur, les plantes, l’eau… On retrouve le cadre écrasant de cette nature qui joue un rôle de guide dans ce huis clos, dans un milieu de blancs plutôt du bas de l’échelle sociale, où la violence est quotidienne, les tensions sexuelles très présentes, où la misère affective est la norme. La tension entre les personnages monte jusqu’au paroxysme. Les limites entre l’amour, y compris physique, et la haine ne sont jamais définies, pas plus que celles entre la logique, les normes sociales et la folie. Impurs dégage une ambiance pesante et oppressante comme un peu dans Le Jardin de ciment de Ian McEvan (1978, Seuil 1980). Avec ce roman, D. Vann plonge encore dans les bas-fonds de l’âme humaine, en continuant de rechercher une sorte d’esthétique de la violence et du mal. Impurs est un texte très dur, d’une violence crue, sans échappatoire. Dès les premières pages, la spirale de la tragédie est en marche.

    D.Vann a eu une adolescente difficile, des parents séparés, un suicide, et il continue donc de régler ses comptes avec la vie, avec talent.

    .....

    Extrait:

    Je ne comprends pas grand-chose, dit Galen. J'y travaille mais je ne comprends toujours pas grand-chose. J'ai quelques pistes. Je sais qu'elle essayait d'envoyer son père en prison. Je sais qu'elle nous a confondus, lui et moi. Je pense que c'est ça. Et parce qu’elle haïssait son père, je pense qu'elle m'a peut-être toujours haï. Je pense que ça a été la guerre dès le début, et qu'il fallait qu'elle meure, ou que je meurs.

    De sa main valide, il caressa les feuilles mortes du chêne vert, toutes ces petites épines. La terre sèche en dessous. Il déblaya une parcelle et aperçu des fissures.

    Il pensa à la grimace de baise sur son visage. À sa mère qui l’avait vu, qui l’avait entendu gémir lorsqu'il avait joui sur Jennifer. La honte qu'il avait ressentie. C'était le problème, avec les mères. Toujours à observer, alors qu'on ne souhaite pas montrer ce que l'on devient. Peut-être que  nos mères devaient toutes mourir. L'idée que l'on voulait coucher avec nos mères et tuer nos pères était ridicule. Nos pères restaient à jamais introuvables.

    .....

    Eléments biographiques :

    ImpursDavid Vann est né en 1966 en Alaska. Professeur à l’Université de San Francisco, il milite contre le libre commerce des armes, mais découragé il quitte les Etats Unis pour s’installer en Angleterre où il enseigne à l’Université de Warwick et à l’Université de Franche-Comté. Il a écrit neuf livres dont six sont traduits en français.


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