• Contre l'art

    N°213

    Tomas EspedalContre l'art

    Imot kunsten (notatbokene)

    2009, Actes Sud 2013, Babel 2017

    170 pages

    Après la disparition de son ex-femme, un homme se retrouve à vivre avec sa fille adolescente dans leur maison de famille, sur une île. Cela déclenche chez lui une remise en question, une longue introspection et une remémoration des années passées.

    Contre l’art est plus une autobiographie, ou un récit autobiographique, qu’un roman. Écrit à la première personne du singulier, l’auteur s’y nomme souvent par son nom, et c’est bien de sa famille réelle dont il est question dans ce texte. De retour dans un cadre familial, T. Espedal se laisse aller à une sorte d’évocation généalogique émotionnelle, entrecoupée de réflexions sur le sens de la vie, la nature, l’identité, la relation au monde et les relations intergénérationnelles. Il en ressort un autre portait bergmanien de la société norvégienne, moins dramatique que le roman de Linn Ullmann (voir une semaine un livre n° 210 Je suis un ange venu du Nord), plus intérieur, mais pas pour autant plus facile.

    Passant de la narration précise et documentée à la poésie en prose, Contre l’art est un objet littéraire curieux. On s’y promène, on s’y laisse emmener par les états d’âme du narrateur, parfois à travers des phrases très courtes, rassemblées en chapitres courts eux aussi et produisant un effet répétitif, parfois à travers de longues évocation des aïeuls ou des réflexions sur l’écriture, parfois à travers de la poésie évoquant la nature, les fleurs ou les livres qui jouent toujours un grand rôle.

    Contre l’art (titre mystérieux), est un texte séduisant mais qu’on oublie vite, et qui laisse comme une trainée d’images assez universelles. L’âme scandinave comme révélateur du monde intérieur.

    .....

    Extraits:

    À force d'écrire j'ai atteint un âge qui n'était pas le mien. J'ai vécu des expériences que j'étais trop jeune pour connaître ; j'ai découvert une langue, et dans cette langue vivait toutes sortes de choses que j'ignorais ; elles surgissaient, apparaissaient, prenaient forme ; je ne saurais le dire autrement ; je crois qu'il faut être resté longtemps seul pour écrire ce que je viens de raconter.

    .....

    Le mieux serait que tu reçoives du monde,

    Une visite inattendue.

    Tes meilleurs amis, tes proches, par exemple.

    Un hôte particulier. Tu ne l'as pas invité.

    Le mieux serait qu'il ne vienne pas.

    Que tout continue comme avant,

    avant son arrivée.

    Que tout soit normal.

    Que cet automne soit un bel automne.

    Le mieux serait qu'il y ait un bel hiver.

    Ce pourrait être ton dernier automne.

    Le mieux serait qu'il y ait un bel hiver

    et un printemps doux.

    .....

    Eléments biographiques :

    Contre l'artTomas Espedal est né à Bergen en Norvège en 1961. Après une carrière de boxeur, T. Espedal a commencé à écrire à 27 ans. Il a publié treize livres dont cinq sont traduits en français et publiés par Actes Sud.


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