• Au revoir là-haut - L'homme semence

    N°182

    Pierre LemaitreAu revoir là-haut - L'homme semence

    Albin Michel 2013, Le Livre de Poche 2016

    620 pagesAu revoir là-haut - L'homme semence

     

     

     

    Violette Ailhaud

    1919, Editions Parole, 2013 

    43 pages                                                                                                                  

    À la démobilisation, deux soldats se retrouvent à Paris, abîmés physiquement et psychologiquement par les quatre années de guerre dans les tranchées. Ce qu’ils ont vécu ensemble pendant les quelques jours avant l’armistice les unit à jamais. Pour survivre dans cette société dévastée et en pleine reconstruction, où tous les coups sont permis, ils inventent une escroquerie extraordinaire.

    Pierre Lemaitre décrit en détail le fonctionnement de la société de l’après-guerre, comment l’économie de la relance d’un pays affaibli par la guerre a pu générer des entrepreneurs corrompus, des escrocs et des politiciens véreux. Mais il s’intéresse surtout à la personnalité de ses deux personnages principaux, héros oubliés, meurtris, fracassés au sens propre du terme.

    Avec Au revoir là-haut, P. Lemaitre écrit un roman populaire, il raconte une histoire pleine de suspens et de retournements spectaculaires dans un style vif et souvent drôle. On y rit, on y frisonne, on tremble pour nos héros en suivant leurs aventures et mésaventures rocambolesques. Il y a du Rouletabille et de l’Arsène Lupin dans Au revoir là-haut. Il fait avec des éléments historiques enrobés d’inventions de son imagination féconde, une histoire véridique et romanesque.

    Ecrit dans un style direct, autour d’une série de personnages bien campés, ce roman bien mené est captivant tout en apportant un éclairage documenté et pertinent sur la fin de la Grande Guerre et les années qui suivirent.

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    En contrechamp, L’homme semence de V. Arthaud aborde l’après-guerre par le point de vue d’une femme, dans un petit village de Haute-Provence, où il n’y a plus d’hommes. Le premier venu aura pour tâche de faire revivre le village, en l’ensemençant. Texte confidence à la première personne du singulier, découvert trente ans après avoir été écrit, en 1952, c’est un témoignage vibrant et empreint d’une grande poésie érotique et naturaliste.

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    Extraits:

    Au revoir là-haut

    Ceux  qui pensaient que cette guerre finirait bientôt étaient tous mort depuis longtemps. De la guerre, justement. Aussi, en octobre, Albert reçu-t-il avec pas mal de scepticisme les rumeurs annonçant un armistice. Il ne leur prêta pas plus de crédit qu’à la propagande du début qui soutenait, par exemple, que les balles boches étaient tellement molles qu'elles s'écrasaient comme des poires blettes sur les uniformes, faisant hurler de rire les régiments français. En quatre ans, Albert on avait vu un paquet, de types morts de rire en recevant une balle allemande.

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    L’homme semence

    Ça vient du fond de la vallée. Bien avant que ça passe le gué de la rivière, que l'ombre tranche, comme un lent clin d'œil, le brillant de l'eau entre les iscles, nous savons que c'est un homme. Nos corps vides de femmes sans mari se sont mis à raisonner d'une façon qui ne trompe pas. Nos bras fatigués s’arrêtent tous ensemble d’amonteiller le foin. Nous nous regardons et chacune se souvient du serment. Nos mains s’empoignent et nos doigts se serrent à en craquer les jointures : notre rêve est en marche, glaçant d’effroi et brûlant de désir. L'homme monte. Il marche d'un bon pas. Pourtant sa marche paraît lente, douloureusement lente pour nos nerfs à vif. Pour tuer ce temps qui nous torture, nous redoublons d'élan dans le travail. Fourches et râteaux dansent une gigue qui grossit rapidement les tas de foin. Nos bras s’agitent sans que nous soyons en eux. Tous nos sens sont ailleurs, tendus vers lui. À chaque fois que l'homme trécoule derrière un repli du terrain, je me demande si je n'ai pas rêvé ou s’il n’a pas simplement décidé de rebrousser chemin. À chaque fois, Je me tourne vers mes compagnes et je lis sur leurs visages la même angoisse que la mienne.

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    Eléments biographiques :

    Au revoir là-haut - L'homme semencePierre Lemaitre est né en 1951 à Paris. Il passe son enfance en banlieue Nord. Il fait des études de psychologie et devient professionnel de la formation continue en communication et culture générale. Il s’oriente vers l’écriture et commence à vivre du métier de scénariste et écrivain à partir de 2006. Il travaille aussi pour Le Magazine littéraire et est administrateur de la Société des gens de lettres. Il a écrit neuf romans dont cinq de la série Verhœven et six scénarii pour le cinéma ou la télévision.

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    Violette Ailhaud est née en 1835 et morte en 1925. Elle écrit l’Homme semence en 1919 après qu’ont disparu les hommes du village pour la seconde fois en 70 ans. Son récit se rapporte à sa jeunesse, au début du Second Empire suite au coup d’état de 1851 et la répression des républicains. On ne connait aucun autre texte d’elle.


  • Commentaires

    1
    Lucien
    Dimanche 18 Décembre 2016 à 21:41

    Pierre Lemaître a commencé à écrire des romans policiers. Je me souviens que j'avais aimé "Travail soigné", une histoire un peu sordide qui  rappelait James Ellroy et "Le dahlia noir".

    Beau cheminement avec ce roman "Au revoir là haut",  prix Goncourt en 2013, que je n'ai pas encore lu mais ça ne saurait tarder.

     

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