• Sauver Ispahan

    2018-39

    Sauver IspahanRUFIN Jean-Christophe

    Sauver Ispahan

    Gallimard 1998, Folio 2014

    644 pages

    Sauver Ispahan peut être considéré comme une suite à l'Abyssin, puisque le livre met en scène les mêmes personnages principaux. Jean-Baptiste Poncet et sa femme Alix vivent à Ispahan, avec leur fille et George, orphelin d'un botaniste anglais qu'ils ont recueilli. La bonne réputation de médecin de Poncet leur permet une vie agréable au sein de l'élite de la ville, dans une belle maison pourvue d'un jardin, jusqu'au jour où apparaît Françoise, la femme de Juremi, soupçonnée par le Grand Vizir et son Premier Ministre d'être une espionne à la solde des Russes, ou pire des Afghans. Françoise parle de Poncet qui est convoqué par les autorités. Il la disculpe, se porte garant d'elle et l'accueille sous son toit.

    Françoise raconte au couple sa vie avec Juremi en Angleterre et leur passage en Suède, où bon gré, mal gré, Juremi fut enrôlé dans la guerre contre les Russes. Il serait pour l'heure toujours prisonnier de ces derniers. Poncet décide de partir à sa recherche en compagnie de George, déguisé en marchand Arménien. Et en avant l'aventure qui les mènera du Caucase à l'Oural, où ils retrouvent Juremi, avec lequel ils parcourent l'Asie centrale sous la surveillance d'un espion russe, visitent une tombe kourgane, sont faits prisonniers, sont vendus comme esclaves et cédés en dernière instance à un Afghan qui en fait des cornacs pour des éléphants en partance pour la Perse, afin de soutenir le siège afghan contre Ispahan, où la fille de Poncet doit être immolée en victime expiatoire et où Françoise affaiblie désespère de jamais revoir Juremi. Parallèlement à ce développement principal, on suit les événements arrivant à Ispahan, ainsi que l'errance de Monsieur de Maillet, que l'on retrouve dans le rôle d'un écrivain audacieux, risquant d'être mis à l'index par l'église catholique. Les dernières aventures rocambolesques se passent lors du siège de la ville, avant les retrouvailles finales, que scelle l'amour de George pour la fille du couple, qui lui-même accroît sa descendance par la naissance de deux jumeaux.

    Ce second titre est, comme le premier, composé en cinq parties de plusieurs chapitres chacune, et il est à peine moins long. Dans un épilogue, Ruffin cite ses sources et insiste sur le fait que les deux livres ne sont pas des romans historiques, mais des romans d'aventures, ce qui lui laisse une plus grande licence pour mener l'histoire. Les livres sont riches en matériau sur les États et les sociétés des pays concernés, au XVIIème siècle, et certaines descriptions et remarques sont toujours valables. L'écriture, classique, reste fluide, malgré quelques coquetteries maniéristes. Mais, que c'est long – longueur compensée par une lecture très rapide, car rien n'arrête jamais le lecteur – que c'est étiré, qu'on s'ennuie malgré la surcharge d'événements dramatiques ou heureux, avec lesquels on ne se trouve jamais en empathie tant il y a d'artifices !

    Citation

    "La terreur de la cour, la gravité du moment n'avaient pas pour autant éteint complots et rivalités qui divisaient l'entourage royal. L'imminence d'une catastrophe sonne l'heure de ceux dont un quotidien trop paisible a jusque-là limité les ambitions. Si la paix donne carrière aux hommes raisonnables, à la pensée convenue et aux mœurs délicates, la tragédie, le chaos libèrent l'initiative des grands fauves du surnaturel, de ceux qui ont tenu serré dans les coffres trop étroits de la vie ordinaire leur immense corps de prophète ou de héros et qui, alors, saisissent enfin l'occasion de le déployer loin au-dessus des autres hommes. Tel était Yahia Bègue, mage et astrologue, favori certes, mais qui avait souffert de devoir partager son emprise auprès du roi avec tant d'autres et d'abord les mollahs, toute la clique chiite de la cour." p. 409


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