• Océans

    2018-15

    OcéansLe hasard de la flânerie, et une première lecture de cet auteur, connu aussi comme chanteur.

    Yves SIMON

    Océans

    Grasset & Fasquelle 1983, Livre de Poche n°5972

    509 pages

         L'auteur nous donne ici un roman de formation. Le je-narrateur se nourrit de la vie même de l'auteur, brode tout autour, au moins pour la première partie qui décrit la vie de Léo-Paul Kovski dans la ville de son enfance entre un père cheminot et une mère infirmière, dans une petite station thermale des Vosges, Monterville, exactement comme les parents d'Yves Simon (1944-) qui passa ses années d'enfance et d'adolescence à Contrexéville. La narration se déroule en trois parties : la première, la plus importante, parle de la vie à Monterville, débute lorsque le narrateur a une douzaine d'années avec pour date 1961 et est intitulée : « Des rêves plus grands que le monde ». La seconde, « Les chemins du monde », s'attarde sur les années parisiennes et les premiers succès littéraires, la dernière étant un point d'orgue, grâce aux retrouvailles avec le grand amour de Monterville.

          C'est dans la narration de l'enfance et de l'adolescence qu'Yves Simon est le meilleur. Il donne de très beaux portraits de la mère et du père et de leur conscience d'une appartenance sociale peu gratifiante ; il parle avec émotions de ses amis et en particulier de Simon, le jardinier muet. Il décrit le premier amour, les premiers émois, les espérances. Après cela, la vie parisienne est principalement le rajustement au monde de la réalité, l'apprentissage de la réduction. 

          Yves Simon a beaucoup de facilité pour l'écriture. Il n'évite pas l'écueil d'y sombrer parfois, au point de devenir phraseur. Mais, son livre reste un joli témoignage de cette période de transition si riche et si difficile qu'est la sortie de l'enfance et la naissance au monde.

    .....

    Citations

          « Un vent glacial s'engouffra dans les rues, sous les galeries en mosaïque bleue, près des sources et Monterville ressembla à une ville morte. (…) Silence et neige comme si tous les rêves attendaient le printemps pour apparaître à nouveau au grand jour, la vie se chuchotait réfugiée au fond des maisons. » p.60 (Monterville, un dimanche.)

          « Il les (sa grand-mère et une infirmière, NDLR) regarda s'éloigner et resta un moment immobile, prêt à répondre à un signe, mais pour Tatiana la rencontre était terminée, et elle ne se retourna plus. Alors, il se vit marcher accroché à l'épaule de quelqu'un, un jour, dans longtemps, plus tard, plein de réalité dans le corps ; c'est-à-dire : sans avenir à imaginer, sans océan à craindre, seulement réduit à ses seules dimensions mesurables, poids, hauteur, largeur. Un corps. Alors qu'à l'instant même il marchait dans le temps d'aujourd'hui, son apparence visible remplie d'écrits et d'imaginations tournées vers l'avant. Il ne disait jamais ni le mot futur, ni le mot avenir, vivait balancé dans ce mouvement de la lutte des temps, entre instant et infini, et c'était cela sa volonté, son désir et sa force : une vie en perpétuel déséquilibre avec le temps. » p.195-196 (après une visite à sa grand-mère, le jour du BEPC).

     

          « C'est cela le malheur des histoires d'amour et des mariages, des gens qui ne pensent pas le temps de la même façon et ne se sentent pas reliés aux autres de manière identique. » p.356

     

          « Il savait qu'il n'était pas un inventeur d'histoires, ou en tous cas ne cherchait pas à le devenir : il voulait écrire, mais que cette écriture ne servît à rien d'autre qu'à élucider des mystères, et non à en inventer de nouveaux. » p.446 


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