• Mes poisons

    2024-10b

    Mes poisonsSAINTE-BEUVE

    Mes poisons

    La Table Ronde. 2006.

    141 pages.

    Sainte-Beuve (1803-1869) est connu pour sa conception de la critique littéraire selon laquelle l'œuvre d'un écrivain est liée à sa vie, théorie réfutée par Proust dans son Contre Sainte-Beuve.

    Mes poisons est un recueil constitué de vingt-trois petits textes, dont la plupart sont consacrés à des écrivains passés à la postérité – Victor Hugo, Lamartine, Balzac, Sand, Musset, etc.- ou à des personnes en vue, tels Guizot ou Thiers. Sa tête de turc est sans conteste Victor Hugo, dont il fut d'abord l'ami et qu'il encensa à ses débuts, jusqu'à qu'une rivalité amoureuse – Sainte-Beuve eut quelques années pour maîtresse Madame Hugo – en fasse les meilleurs ennemis du monde, même si le critique reconnaît parfois à l'écrivain quelques qualités : « Il a, au suprême degré, la faculté de réalisation. Ce qu'il invente de faux et même d'absurde, il le fait être et paraître à tous les yeux. » (p.60). Cela dit, ce qui domine chez Sainte-Beuve, c'est le coup de griffe plus ou moins perfide, avec détournement – « Victor Hugo : / Grossièreté. Malices cousues de câble blanc. » (p.53 ; c'est lui qui souligne, ndlr) – antithèse – « Dans un monde faux, les femmes franches sont ce qu'il y a de plus trompeur. » (p.77) – et sous-entendu assassin – « Madame Thiers ressemble à une de ces journées qui ne sont pas rares à Paris, où il y a un soleil brillant, mais où l'on sent de l'aigreur dans l'air. » (p.84) – comme procédés de prédilection.

    Parmi ces flots de piques rhétoriques – au goût d'une époque où la critique n'était pas devenue la daube consensuelle qu'on nous sert actuellement – surnagent quelques chapitres intimes, dans lesquels Sainte-Beuve réfléchit sur lui-même, sur son métier et autres considérations. Il nous confie ses regrets, ses amours avortées, ses deuils et trouve ainsi une humanité qui nous rend sympathique « Monsieur Sainte-Bave » (V. Hugo).

    Citations

     « Le reflux de l'âme à l'âge du retour est en raison le plus souvent de ce qu'a été la marée montante aux heures de la jeunesse : plus on s'était avancé et plus on se retire. J'ai été des plus enthousiastes, et je me trouve d'autant plus chagrin. » p. 26

    « La coterie George Sand, Lamennais, Liszt, Didier, etc. (Lamennais, le naïf à part) est un amas d'affectations, de vanités, de prétentions, d'emphase et de tapages de toute sorte, un véritable fléau enfin, eu égard à l'importance des talents. » p. 112

    « Ce que je fais, c'est de l'histoire naturelle littéraire » p.126

    « Je ne suis qu'un imagier des grands hommes. J'ai toujours pensé qu'il faut prendre dans l'écritoire de chaque auteur l'encre dont on veut le peindre. » p. 131


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