• L'Âme de l'Iran - Omar Kayyam

    2017-6 

    L'Âme de l'Iran.

    Paris, Albin Michel. 1951, 1990.

    En poche, Spiritualité vivante, 2009.

    227 pages.

    Ce recueil réunit des articles de grands iranologues du milieu du XXème siècle. Il est préfacé par l'écrivain iranien Daryush Shayegan.

     

     

    René Grousset (1885-1952) avec « l'Âme de l'Iran et l'humanisme » insiste sur la longue tradition de tolérance religieuse de l'Iran chiite, dont témoigne sa poésie.  J. Duchesne-Guillemin (1910-2012) présente « l'Originalité de Zoroastre » (entre le XVème et le XIème sicèle av. J.-C.) ,  -le Zarathoustra de Nietzsche- dont il fait le premier auteur d'apocalypse et qu'il inscrit dans le long mouvement de sédentarisation des sociétés qui finira par s'imposer face, ou plutôt contre le nomadisme auquel Zoroastre était viscéralement hostile. On lui doit le refus de tout sacrifice, le monothéisme et la recherche de l'harmonie entre l'ordre cosmique, l'ordre religieux et l'ordre moral, désigné en indo-iranien par un seul et même terme rta (57). Louis Massignon (1883-1962) s'intéresse à l'influence qu'ont eu « les Penseurs iraniens » sur « l'essor de la civilisation arabe ». Le pragois, Jan Rypka (1886-1968), dans une démarche moins académique qui frise le dithyrambe, nous introduit « Dans l'intimité d'un mystique iranien », le cheikh Chams-ol-orofâ, chef de l'ordre Nimatoullâhi qu'il a eu l'honneur de fréquenter, avant d'analyser « les Sept princesses de Nizâmi » (1141-1209), poète , dont il déclare que « depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, aucun littérateur persan n'a su exprimer plus passionnément le terrible tabou musulman, les rapports de l'homme envers la femme. » (140). L'iranien Parviz Natel Khanlari (1914-1991) montre l'importance d'« Hafiz de Chiraz » (1326-1390), poète le plus populaire d'Iran, dont tout le mond connaît  par cœur au moins quelques vers, et nous donne en français plusieurs très beaux poèmes de sa plume. Enfin, Henri Massé (1886-1969) analyse l'influence qu'on eut « les Contes d'animaux » sur l'immense poète qu'est La Fontaine.

             Ce recueil, auquel de plus grands spécialistes de l'Iran ont contribué, permet de comprendre un peu la spécificité de ce pays complexe.  Il aborde des points de réflexion passionnants, même pour les non spécialistes.

             « Cet homme (Bayézid Bistami - 804-874) a laissé un souvenir fulgurant, toujours vivant dans l'Islam. Devenu spirituellement un Sémite, et priant en liturgie arabe, il a entrepris le dialogue avec Dieu, sous la forme de courtes invocations en persan d'une acuité et d'une violence dépassant la prière, si je puis dire, parce qu'il s'agit là d'une violent attaque vis-à-vis de l'omnipotence divine, qu'un Sémite pur n'aurait peut-être pas osé formuler car il aurait fallu qu'il se sut plus que prophète pour cela. C'est d'ailleurs quelque chose de très iranien que cette orchestration psychologique, cette espèce d'attaque frontale. Et actuellement encore, tout le vocabulaire de la mystique musulmane dépend de ce premier départ, de cet essai d'Iraniens de s'emparer du langage divin à travers le Coran. Alors que la crainte révérencielle du Sémite considère Dieu comme tout à fait inaccessible, le tempérament iranien qui a une langue plus souple, une syllogistique plus audacieuse, entreprend de percer jusqu'à la nudité si je puis dire, de la parole divine sémitique en arabe, langue liturgique de l'Islam »  Massignon p. 91

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    L'Âme de l'Iran - Omar KayyamKHAYYAM Omar, Robaiyat/ Quatrains.

    Traduit du persan par Franz Toussaint.

    Paris Daragnès. 1960.

    170 pages

    Pour plus de légèreté, j'ai ressorti de ma bibliothèque ce petit recueil de pensées de Kayyam (1048-1131). Ses petits textes témoignent d'une pensées matérialiste et d'un solide épicurisme. Malheureusement, la traduction ne rend pas compte de la forme de quatrain, mais j'en cite cependant deux. Le découpage est de moi.

    « Personne ne peut comprendre  ce qui est mystérieux.  

    Personne n'est capable de voir ce qui se cache sous les apparences.

    Toutes nos demeures sont provisoires, sauf la dernière : la terre.

    Bois du vin ! Trêve de discours superflus ! »

     

    «  Le coquelicot puise sa pourpre

    Dans le sang d'un empereur enseveli.

    La violette naît du grain de beauté

    Qui étoilait le visage d'un adolescent. »


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