• Chroniques roumaines

    2017-22

    Chroniques roumainesRichard EDWARDS

    Livre trouvé à la librairie française de Bucarest.

    Chroniques roumaines.

    Paris, Transboréal, 2017.

    357 pages.

        En 80 modules de trois pages, chacun précédé d'une photo en noir et blanc peu contrastés, l'auteur nous livre sa perception d'un pays qu'il fréquente depuis plus de vingt ans, vivant entre la France et la Roumanie -où il a acheté et restauré une vieille maison dans les Subcarpates- et se déplaçant dans d'autres pays du monde pour son travail.

        Il aborde ainsi les sujets les plus divers: les marchés ("Pour découvrir une ville, c'est toujours par le marché que je commence." p.111, moi aussi...NDLR), la restauration rapide ou la gastronomie, les jardins publics, la musique, le traitement réservés aux Roms. Il nous fait part des bourdes commises par ignorance, de sa réserve sur les pratiques mémoriales et sur celle du bakchich dont il a souvent été victime et à laquelle il a dû céder, et de la tension dans laquelle il se trouve souvent : "Vivre en Roumanie est épuisant (voyager aussi...NDLR) tant la tension est grande entre ce qui devrait advenir, et ce qui est, cette perte progressive d'une espérance légitime, à chaque pas qu'on  allonge pour être, enfin." p. 237.

            Ce livre possède les qualités et les défauts du genre: on y apprend beaucoup de choses, on peut s'en inspirer et se rendre dans un endroit auquel on n'avait pas pensé auparavant. Moments de vie, rencontres, réflexions sont livrées tels quels, sans lien entre eux, et on se trouve au centre d'un chaos, qui est bien souvent celui des villes roumaines, chaos non seulement physique mais aussi émotionnel. Cependant le sentiment dominant sur le pays est extrêmement ambivalent, comme l'exprime l'auteur au début de ce recueil assez lisse et consensuel.

    .....

    Citation

    " Une histoire d'amour est faite défouler et de passion. Ainsi va ma vie en Roumanie:

      Passion d'un pays complet et disponible, à tout moment, mer, montagnes, plaines et paysages,

      Douleur d'un pays flétri d'un orgueil paranoïaque qui le mine dans son regard à l'autre;

      Passion d'un pays qui prend le temps, qui donne le temps, qui aime flirter avec l'éternité,

      Douleur d'un pays qui s'étouffe dans les méandres de la mauvaise foi et de la corruption;

      Passion d'un pays pétri d'intelligence et d'inventivité individuelle et collective,

      Douleur d'un pays qui préfère le déni à la reconnaissance;

      Passion d'un pays qui conjugue, à tous les temps, rêve et réalité,

      Douleur d'un pays qui dit et ne fait pas, qui s'évapore dans l'intention;

      Passion d'un pays qui sait m'accueillir et me recevoir, en tout lieu.

      Douleur d'un pays qui épuise si souvent mon énergie et mon désir d'être;

      Passion d'un pays d'artistes, d'écrivains, servis par le violon, l'accordéon, le vin et la tuica,

      Douleur d'un pays qui refuse sa beauté tant elle est immense;

      Passion d'un pays qui sait naître chaque matin et raconter l'histoire, les histoires." p. 20-21


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