• Alger la noire

    2017-20  

    Maurice ATTIA

    Chemin: alors que je parlais d'un bon film, un brin naïf, mais pudique et émouvant, Paris la blanche, de Lidia Terki. Je me suis vue conseiller ce livre.

    Alger la noire

    Arles, Actes Sud , Babel noire n°5. 2006.

    393 pages.

            Le livre met en scène l'inspecteur Maurice Choukroun et son adjoint, Paco Martinez, qui mène une enquête dans Alger, en pleine guerre civile, au début des années 1962. L'auteur prend tour à tour pour narrateur les principaux protagonistes, à savoir l'inspecteur qui vit seul avec sa femme, son fils étant étudiant à Aix-en-Provence, Paco, fils d'un anarchiste espagnol mort, croit-il, héroïquement, qui, à 31 ans, vit toujours avec sa grand-mère, Irène, amante de Paco, qui a perdu une jambe dans un attentat et enfin Mémé qui, peu à peu, perd la tête.

             L'enquête, qui comporte sa part de rebondissements, de fausses pistes, de sexe et de cruauté comme l'exige le genre, est aussi une manière de décrire la société algéroise de l'époque -des petites gens aux grandes familles-, de mener une réflexion sur la guerre d'Algérie - les deux policiers refusant de prendre partie dans l'affaire algérienne et de rejoindre l'O.A.S comme le fait la plupart de leurs collègues- ainsi que sur la destinée humaine en insistant sur la part de silence ou même de mensonge autour de laquelle chaque personnalité se construit dans sa relation au monde et aux autres.

    .....

    Citation

    " La ville, sous couvre-feu, était d'un calme inhabituel. Pas d'explosions ni de tirs d'armes automatiques. Pas de piétons bien sûr. Les patrouilles ne s'aventuraient pas dans les ruelles de la Basseta, le ghetto espagnol de Bâb-el-Oued. Un bastion populaire totalement dévoué à la cause de l'OAS. Leur cause. Qui pouvait en vouloir à ces bougres de se battre pour garder leur territoire, de ne pas accepter un nouvel exil? Logeant, la plupart, dans de petits appartements insalubres, ils n'avaient ni terres, ni biens immobiliers, ni entreprises. Maraîchers, commerçants, artisans ou employés au Gaz Lebon, à la CFRA, aux usines Bastos, dockers et petits voyous, ils n'avaient rien à voir avec ces grands propriétaires que la Métropole mettait en avant pour justifier l'autodétermination et l'abandon de cette colonie. Une poignée de grands bourgeois qui ne souffrirait pas de la perte de leurs propriétés quoi qu'il arrive. Ils avaient déjà mis leur fortune à l'abri et, pour le reste, l'État français saurait les dédommager. L'argent allait toujours à l'argent" p. 145


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