• Le Boustan ou verger

    2018-33

    Le Boustan ou vergerReprise de Saadi, après l'oubli de la lassitude qui m'avait envahie à la fin du premier livre.

    SAADI

    le Boustan ou Verger

    Traduit du persan et annoté par Charles Barbier de Meynard

    Libretto 2018

    493 pages. p. 247-494.

    Ce livre présente des caractéristiques identiques à celle du Gulistan, aussi bien d'un point de vue stylistique – caractéristique qui sont la marque de la littérature de cette époque (XIIIème siècle) - qu’au niveau du "motif" comme dirait l'auteur.

    Après une préface contenant des invocations à dieu et aux prophètes, un éloge des princes, et un exposé sur les raisons et la composition du livre, c'est cette fois-ci en dix chapitres que Saadi distille sa pensée. Il traite successivement, je cite : 1) Des devoirs des rois ; de la justice et du bon gouvernement ; des règles de politique et de stratégie. 2) De la bienfaisance (dont il fait un devoir pour les puissants). 3) De l'amour mystique et de la voie spirituelle. 4) De l'humilité. 5) Résignation. 6) Modération dans les désirs et renoncement. 7) Influence de l'éducation. 8) De la reconnaissance envers Dieu. 9) Repentir. 10) Prières et conclusion du poème.

    Curieusement, l'auteur donne la date de 655 de l'Hégire, donc un an avant la composition du Bulistan, alors que le Bulistan ressemble à un brouillon au regard du Boustan, beaucoup plus achevé, à tous les niveaux : on y trouve moins de répétitions et plus de rigueur dans la composition. Saadi ne numérote plus des "historiettes", mais leur donne des titres. Souvent, il prend soin de dégager la morale de l'histoire. L'ensemble est plus cohérent. Et, ce n'est pas la moindre des qualités, l'auteur se dévoile davantage que dans les développements formels de fin de chapitre, où Saadi fait des plaidoyer pro domo, en parlant de lui à la troisième personne.

    Le Boustan est encore une lecture difficile, certes, mais qui procure beaucoup plus de plaisir que celle du premier livre. Il faut insister sur le fait que la traduction est en prose, pesante prose, alors que Saadi parle toujours de poème. De plus, comme pour tous les ouvrages de moralistes - et je pense à La Bruyère ou La Rochefoucauld- ce ne sont pas des livres à lire d'une traite, comme nous l'avons fait, mais des ouvrages dans lesquels grappiller.

    Ce livre de Saadi est à rechercher dans une traduction en vers, si elle existe, et à garder près de soi pour aller butiner en terre de sagesse, lorsque la nécessité s'en fait sentir.

    Je voudrais insister sur la déficience de cette édition qui frise la malhonnêteté, puisqu'on nous annonce des notes et qu'ici, il n'y en a pas une seule, alors que tout - mots persans repris tels quels, personnages, faits historiques, lieux - nécessite un éclairage pour le lecteur occidental. Se méfier des éditions paresseuses Libretto !

    Citations

    " Pourquoi ce poème a été écrit ; sa division en dix chapitres ; date de sa composition.

    J'ai passé ma vie en voyages lointains, j'ai vécu parmi les peuples les plus divers. Partout j'ai recueilli quelques profits, chaque moisson m'a livré quelques herbes ; mais nulle part je n'ai rencontré des cœurs purs et sincères comme à Chiraz (que Dieu la protège !) L'amour que m'inspire cette noble patrie a banni de mon souvenir la Syrie et le pays de Roum (l'Europe, NDLR) "Les voyageurs, me disais-je, rapportent du sucre d'Égypte pour l'offrir à leurs amis ; ce serait pitié si, sortant de ce vaste jardin, je revenais vers les miens les mains vides. Ce n'est pas du sucre que je veux leur offrir, mais des paroles dont la saveur est plus douce, non pas ce sucre grossier qui flatte le goût, mais celui que les livres transmettent aux penseurs."

    J'ai élevé ce monument à la sagesse et l'ai disposé en dix chapitres." p. 254.

     

    " Apologue de la perle

    Une goutte de pluie tomba du sein des nuages ; en voyant la mer immense, elle demeura toute confuse. "Que suis-je, dit-elle, à côté de l'Océan ? En vérité, je me perds et disparaît dans son immensité !" En récompense de cet aveu modeste, elle fut accueillie et nourrie dans la nacre d'un coquillage ; par les soins de la Providence, elle devint une perle de grand prix et orna le diadème des rois. Elle fut grande parce qu'elle avait été humble, elle obtint l'existence parce qu'elle s'était assimilée au néant." chap. IV, p.360.

    "Qu'il faut mettre à profit le temps de la jeunesse

    Jeune homme, marche dès à présent dans les voies de la vertu ; demain, les ressources de la jeunesse te feraient défaut. Ton cœur est exempt de soucis, ton corps est agile et robuste, la carrière est libre : lance la paume dans le mail. Heureux âge ! j'en connais tout le prix depuis que je l'ai dépensé en folies. Le destin m'a ravi ce temps inestimable, où chaque heure du jour était aussi précieuse que la nuit du destin." chap. IX, p. 463.


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