• Hygiène de l'assassin - Mercure - Acide sulfurique

    N°334Hygiène de l'assassin - Mercure - Acide sulfurique

    Amélie NothombHygiène de l'assassin - Mercure - Acide sulfurique

    Albin Michel 1992, Le Livre de PocheHygiène de l'assassin - Mercure - Acide sulfurique
    2004

    Albin Michel 1998, Le Livre de Poche 2007

    Albin Michel 2005, Le Livre de Poche 2007

    221 pages, 189 pages, 213 pages

    Dans l’Hygiène de l’assassin, un vieil écrivain, prix Nobel, atteint d’un cancer rare, accepte pour la première fois de recevoir des journalistes. Il s’ensuit une série de joutes verbales dans lesquelles il est maître du jeu, sauf quand se présente une jeune femme.

    Dans Mercure, un vieil homme séquestre sur une île une jeune femme en lui faisant croire qu’elle est laide, défigurée au cours d’un accident, jusqu’au moment où une jeune infirmière arrive et tente de la délivrer.

    Dans Acide sulfurique, une jeune et belle femme est raflée, avec de nombreux autres femmes et hommes de tous âges, pour être enfermée dans un camp pour une émission de téléréalité appelée « Concentration ». Les sélections sont quotidiennes et l’émission connait un immense succès. Mais la mécanique s’enraye quand l’attirance entre une kapo et la belle prisonnière s’en mêle.

    Ces trois livres d’A. Nothomb sont construits de la même façon : une idée de départ originale, un développement linéaire et simple, un style très théâtral dans lequel les dialogues représentent 80 % du texte, des bons mots parsemés au cours du récit, des personnages bien campés et entiers, les bons rôles pour les femmes, et la démonstration que la raison et les sentiments peuvent venir à bout des pires maux.

    A. Nothomb maîtrise se recette. Elle regorge d’idées. Elle est donc capable d’offrir chaque année un nouveau texte. Son écriture est habile, et emporte facilement le lecteur. Ses romans, qu’on pourrait qualifier plutôt de contes ou d’exercices littéraires tant la trame est simple et non « romanesque », aborde des sujets de société tout en se gardant d’y être ancrés, restant dans un imaginaire flottant.

    Ces livres d’A. Nothomb sont faciles à lire, divertissants car bien écrits, mais aussi superficiels et faciles à oublier.

    .....

    Eléments biographiques :

    Hygiène de l'assassin - Mercure - Acide sulfuriqueFabienne Claire Nothomb (dite Amélie Nothomb) est née en 1966 près de Bruxelles. Son père est diplomate et elle passe toute son enfance à l’étranger : Osaka, Pékin, New-York… Elle rentre en Belgique à 17 ans. Elle fait des études de droit et de philologie et obtient une agrégation. En 1992, son premier roman, Hygiène de l’assassin, connait du succès. Elle écrit beaucoup et publie un livre par an, toujours chez Albin Michel. Elle a publié 27 romans et une pièce de théâtre.

    .....

    Extraits :

    - Vous vous contredisez : il y a deux minutes vous me racontiez que tous les grands écrivains étaient d’une grande pudeur dès qu’il s’agissait de leurs écrits.

    - Mais on peut parler d’une œuvre en en ménageant le secret.

    - Ah oui ? vous avez déjà essayé ?

    - Non, mais je ne suis pas écrivain, moi.

    - Alors, au nom de quoi me dites-vous ces sornettes ?

    - Vous n’êtes pas le premier écrivain que j’interviewe.

    - Est-ce que, par hasard, vous oseriez me comparer aux plumitifs que vous interrogez d’habitude ?

    - Ce ne sont pas des plumitifs !

    - S’ils parviennent à discourir sur leur œuvre tout en étant passionnants et pudiques, pas de doute que ce sont des plumitifs. Comment voulez-vous qu’un écrivain soit pudique ? C’est le métier le plus impudique du monde : à travers les styles, les idées, l’histoire, les recherches, les écrivains ne parlent jamais que d’eux-mêmes, et en plus avec des mots. Les peintres et les musiciens aussi parlent d’eux-mêmes, mais avec un langage tellement moins cru que le nôtre. Non, monsieur, les écrivains sont obscènes ; s’ils ne l’étaient pas, ils seraient comptables, conducteurs de train, téléphonistes, ils seraient respectables.

    (Hygiène de l’assassin)

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     Elle commença par les plus larges et épais pour obtenir une assise stable sur la chaise : les œuvres complètes de Victor Hugo furent un matériau de premier choix. (… ) L’escalier anachronique comporta ensuite saint François de Sales, Taine, Villon, Madame de Staël et Madame de Lafayette, les Lettres de la religieuse portugaise, Honoré d’Urfé, Flaubert, Cervantès, le Genji monogatari, Nerval, les contes élisabéthains de lady Amelia Northumb, les Provinciales de Pascal, Swift et Baudelaire – tout ce qu’une jeune fille du début de ce siècle, cultivée, sensible et impressionnable, se devait d’entrouvrir.

    Il lui manquait juste un ou deux volumes pour parvenir à la fenêtre. Elle se rappela avoir laissé La Chartreuse de Parme et Carmilla dans le tiroir de la commode. La tour livresque atteignit la hauteur requise.

    « Et maintenant, si la pile s’écroule, c’est qu’il n’y a rien à espérer de la littérature », se dit-elle.

    L’escalade fut périlleuse : sans ses longues jambes, elle n’aurait eu aucune chance – pour affronter le monde des livres, rien de tel que d’avoir le pied sûr.  

    (Mercure)

    .....

    À minuit, les deux jeunes femmes se retrouvèrent.

    - Il faut absolument que tu réagisses, dit Zdena. Pourquoi ne prends-tu plus la parole ? Pourquoi ne t’adresses-tu plus aux spectateurs ?

    - Vous avez vu comme mon intervention a été utile, grinça Pannonique.

    - Tu ne changeras pas le public, mais au moins tu seras épargnée ! Les deux filles éliminées ce matin l’ont été uniquement pour leur insignifiance. Il faut que tu vives. Le monde a besoin de toi.

    - Et vous, pourquoi n’agissez-vous pas ? Vous ne vous donnez aucun mal. Il y a deux semaines, je vous avais demandé de réfléchir à un plan pour nous sauver. J’attends toujours.

    -Tu as plus de moyens que moi. Tu passionnes les gens. Moi, je n’intéresse personne.

    (Acide sulfurique)


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