N°375 bis

Laurent Malot

Robert Laffont 2014, le Livre de Poche 2020

214 pages

Années 60. Hannah vit dans un sanatorium dans les Pyrénées depuis trois ans, elle va bientôt avoir onze ans quand elle apprend qu’elle est guérie, ou plutôt qu’elle n’a jamais été malade, et qu’elle va pouvoir sortir pour retourner vivre chez elle.

Chez elle, c’est un père violent, un grand-père gentil et original mais un peu perdu, et une mère disparue, morte, lui a-t-on dit, dans un accident de train, une grand-mère aimante mais peu présente, et bien sûr ses copines. C’est la guerre d’Algérie qui commence, il n’y a pas beaucoup d’argent, son père est déserteur, est-ce que l’assistance publique va venir la chercher ? Hannah en a vu d’autres et est prête à se défendre, mais elle a beaucoup de choses à apprendre.

Sur un scénario séduisant, grâce à une galerie de personnages typiques d’une bourgade de province, soutenu par la jeune Hannah au caractère bien trempé, Laurent Malot écrit avec un style proche de l’oral – c’est sa jeune héroïne qui parle – un roman sympathique empreint de références cinématographiques de ces années comme la Guerre des boutons (Yves Robert 1962, d'après le roman de Louis Pergaud, 1912) ou Zazie dans le métro (Louis Malle, 1960, d’après le roman de Raymond Queneau, 1959). Il dépeint bien l’ambiance de ces années à travers les yeux d’une gamine délurée, dans un style simple et efficace, avec la politique en toile de fond.

De la part d’Hannah fait partie de la sélection « prix des lecteurs » du Livre de Poche. C’est un livre agréable, sans prétention et assez réussi, comme par exemple La petite cloche au son grêle de Paul Vacca (une semaine un livre n°3), En attendant Bojangles d’olivier Bourbeaut (n°248), ou encore Le liseur du 6h27 de Jean-Paul Didierlaurent (n°189), des livres sincères, personnels, mais auquel il manque la force littéraire qui fait qu’un livre marque le lecteur.

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Éléments biographiques

Laurent Malot est né en 1970 dans une famille de cinéphiles. Il commence très jeune à écrire des scénarios et des pièces de théâtre, puis des romans. Il a écrit 7 livres et 4 pièces de théâtre.

  © Sophie Finot

Extrait :

Jusqu’à onze heures et demie, j'ai mélangé tout ça dans ma tête sans trop écouter ce qui se disait. J'en ai conclu que finalement le père Youri m'avait foutu le moral à zéro avec son vol spatial ! Et ce qui devait être la fête, comme avaient dit les commentateurs à la radio, se traduisait pour moi par une question qui me turlupinait depuis que j'étais revenue de Gavarnie : qu'est-ce que je foutais là ? Déjà qu'on m'avait envoyée là-bas pour des prunes ! Pour être honnête, je me la posais depuis longtemps. Une fois, j'en avais parlé à Jojo, celui qui m'avait dégueulé sur les godasses le jour où j'étais arrivée au sana. Son père avait une théorie qui valait ce qu'elle valait : « Dans la vie, suis ton instinct, et si tu te retrouves dans la merde, c’est que t'as le nez bouché ! » Avec ça, j’étais parée ! Mais ça rejoignait un peu ce qu'avait dit Youri avant de décoller : « Toute ma vie est désormais devant moi comme une simple inspiration. »